Malgré la très claire ouverture qu'il démontre face au service UberX, le nouveau ministre des Transports, Jacques Daoust, entend maintenir la ligne dure devant l'attitude « un peu bully » de la multinationale.

Dans la seule journée d'hier, Contrôle routier du Québec a saisi huit voitures UberX dans la région de la capitale, et cinq autres à Laval. Le bureau du taxi de Montréal dit pour sa part continuer d'appliquer la réglementation sur le taxi, mais n'avait pas mené de saisie en après-midi.

En entrevue à La Presse, le ministre Daoust a assuré que ces saisies se poursuivront « pour corriger la situation tant qu'il y aura des actes illégaux. » Le ministre a annoncé mercredi la création d'une commission parlementaire sur l'industrie du taxi qui aura pour mandat de trouver des solutions « équitables » permettant d'encadrer le service UberX. Mais d'ici là, pas question de laisser Uber agir en contravention des lois.

« Uber ne viendra pas expliquer au gouvernement du Québec comment on va gérer le gouvernement du Québec », prévient le ministre.

Des villes en moins au Texas

La filiale canadienne d'Uber a déjà réussi à s'entendre avec la Ville d'Edmonton, la semaine dernière, qui lui a reconnu le droit d'offrir son service moyennant certaines conditions (voir plus bas).

La multinationale a cependant décidé de cesser ses activités à Galveston et à Midland, au Texas, après que les autorités municipales eurent imposé aux chauffeurs UberX qu'ils fournissent leurs empreintes digitales aux policiers dans le cadre de vérifications d'antécédents judiciaires. L'entreprise de San Francisco menace également de plier bagage à Austin, toujours au Texas, si les règles municipales adoptées en décembre dernier pour régulariser le statut de ses chauffeurs ne sont pas amendées en sa faveur.

« Moi, si Uber arrive en commission parlementaire et dit : "Voici mes conditions, sans ça, je ne suis plus là", ça va me faire plaisir de leur serrer la main et de leur dire au revoir », a dit Jacques Daoust, ministre des Transports.

« Vous savez, je suis un banquier. Je ne tolère pas les menaces. On va s'entendre avec Uber, ou on ne va pas du tout s'entendre avec Uber. » 

Sans trop s'avancer sur les solutions qu'il privilégie, le ministre Daoust évoque la possibilité d'une formation obligatoire pour les chauffeurs UberX.

« Les chauffeurs doivent avoir une formation et un permis de conduire qui n'est pas le même que vous et moi. Il n'est pas question qu'on ait des amateurs qui jouent aux professionnels », dit-il.

Son ministère souhaite aussi clarifier la nature du lien d'emploi liant les chauffeurs UberX à l'entreprise californienne. Jusqu'à maintenant, Uber les a toujours considérés comme des travailleurs autonomes, ce qui l'exempte de devoir prélever des impôts sur leur salaire.

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L'entente d'Edmonton

Les services de « covoiturage urbain » comme celui d'Uber,  de Lyft ou de toute autre entreprise qui utilisent une application de téléphone intelligent pour mettre en relation un chauffeur et un client sont considérés comme des fournisseurs de transport privé par la Ville d'Edmonton.

Le prix minimum d'une course est fixé à 3,25 $.

Uber doit payer une taxe de 70 000 $ par année à la Ville d'Edmonton.

Une taxe supplémentaire de 0,06 $ par course est facturée au client. Les sommes recueillies aideront à couvrir les frais de gestion des permis de taxi.

Les chauffeurs doivent démontrer qu'ils  sont couverts par une assurance commerciale.

Seuls les chauffeurs de taxi traditionnel sont autorisés à prendre des clients qui les hèlent dans la rue.