Des funérailles officielles seront organisées à Québec pour honorer l'ancien maire Jean-Paul L'Allier, qui est décédé à l'âge de 77 ans dans la nuit de lundi à mardi.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a réagi avec émotion au décès de son célèbre prédécesseur, qui a établi un record de longévité à la mairie de la capitale. Il l'a présenté comme l'initiateur des fusions municipales, une union qui a permis à Québec de connaître un essor sans précédent selon lui.

« Grâce au maire L'Allier, cette ville a pris son élan, a découvert sa force depuis qu'elle est devenue la nouvelle ville, depuis qu'elle est devenue la grande ville », a dit M. Labeaume.

Il a louangé le « courage » et le « leadership » de l'ancien maire, qui a encaissé de dures critiques pendant cet épisode.

« Pour moi et pour d'autres par la suite, ce qu'on devra retenir de Jean-Paul L'Allier, c'est qu'en politique ça vaut la peine d'être courageux, a dit M. Labeaume. Courageux dans l'action, courageux dans ses opinions. »

M. L'Allier a été maire de Québec de 1989 à 2005. Il avait auparavant fait carrière à l'Assemblée nationale, où il a dirigé différents ministères sous le règne du premier ministre libéral Robert Bourassa, dans les années 1970.

Avant de devenir politicien et diplomate, Jean-Paul L'Allier a d'abord fait carrière comme avocat dans la région d'Ottawa, tout en enseignant à la fois aux facultés de droit et de commerce de l'Université d'Ottawa, au début des années 1960.

Élu pour la première fois dans la circonscription de Deux-Montagnes, en 1970, M. L'Allier s'est lancé en politique sous les couleurs du Parti libéral, alors dirigé par Robert Bourassa.

Au cours de son séjour à l'Assemblée nationale, M. L'Allier a été nommé ministre des Communications, de mai 1970 à août 1975, responsabilité qu'il a cumulée momentanément avec celle du ministère de la Fonction publique, d'octobre 1970 à mai 1972. Il a également dirigé le ministère des Affaires culturelles, d'août 1975 à novembre 1976.

M. L'Allier s'est par ailleurs vu confier des postes de diplomatie internationale, notamment à l'Office franco-québécois pour la jeunesse, de 1970 à 1976. Il a également oeuvré comme délégué général du Québec à Bruxelles de 1981 à 1984. Il fut aussi consul honoraire de Belgique à Québec de 1985 à 1988.

À la suite de sa défaite aux élections provinciales de 1976, lorsqu'il a mordu la poussière devant le candidat péquiste alors qu'il briguait un troisième mandat, Jean-Paul L'Allier a repris sa carrière d'avocat et de conseiller en affaires publiques au cabinet Langlois, Trudeau, Tourigny, jusqu'en 1981. Il a par la suite lancé sa propre entreprise de conseiller en affaires publiques, «Jean Paul L'Allier et Associés», qu'il a dirigée de 1984 à 1989.

Outre sa passion pour le droit, M. L'Allier s'est également fait connaître à l'époque comme chroniqueur au quotidien Le Devoir, de 1984 à 1987, collaboration au terme de laquelle il a publié un recueil de ses articles intitulé Les Années qui viennent.

Malgré ses nombreuses années passées au gouvernement Bourassa, c'est surtout comme maire de Québec que M. L'Allier aura laissé sa marque dans la vie politique québécoise.

D'abord élu à la mairie de la Vieille-Capitale en 1989, lorsqu'il succède à Jean Pelletier, il est réélu en 1993, en 1997 ainsi qu'en 2001, pour diriger la nouvelle Ville de Québec, à la suite des fusions municipales.

Après 16 années passées aux commandes de la mairie, M. L'Allier annonce, à l'été 2004, qu'il ne se représentera pas à l'occasion des élections municipales de 2005. À peine quelques mois avant la fin de son dernier mandat, il avait été victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC).

Son passage à la tête de la mairie de Québec a été marqué de plusieurs réalisations, notamment la revitalisation de plusieurs quartiers de la ville.

Retraité de la vie politique, Jean-Paul L'Allier a travaillé comme avocat conseiller stratégique au cabinet d'avocats Langlois Kronstrom Desjardins. Il était également devenu professeur invité à l'École supérieure d'aménagement du territoire et de développement régional de l'Université Laval, ainsi qu'aux départements de science politique, de géographie, d'information et de communications.

Jean-Paul L'Allier aura par ailleurs aussi laissé sa marque en tant que grand défenseur des arts et de la culture. Il a été élu président du conseil d'administration du Théâtre du Nouveau Monde, en décembre 1978, ainsi que président de la fondation du TNM et du Grand Théâtre de Québec par la suite.

Il a reçu plusieurs distinctions: il a notamment été fait officier de la Légion d'honneur, en 1992, avant d'être promu commandeur de la Légion d'honneur, en 2005, et officier de l'Ordre national du Québec, en 2004. M. L'Allier a également reçu un doctorat honoris causa de l'Institut national de la recherche scientifique, qui est associé à l'Université du Québec, en mai 2006, pour sa carrière à la mairie de Québec. La médaille de la Ville de Québec lui a aussi été remise, en juillet 2008.

- Avec La Presse Canadienne