Le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, et les cinq leaders du front commun intersyndical, représentant 430 000 employés de l'État, poursuivent jeudi leurs discussions, sur les salaires entre autres, afin de parvenir à une entente pour le renouvellement des contrats de travail.

Les parties ont discuté pendant sept heures mercredi soir et elles se revoient depuis 10h00 jeudi matin. Après la longue rencontre, autour de minuit, chaque partie a été pour le moins laconique, se contentant de dire que des vérifications sont nécessaires avant de poursuivre.

M. Coiteux, qui avait convoqué les chefs syndicaux faisant partie du front commun intersyndical pour 17 heures mercredi, a indiqué en mêlée de presse qu'il avait besoin «de quelques heures de plus».

Un des leaders syndicaux ayant participé à la rencontre, le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, n'a pas caché que la rencontre avait été «positive».

«De chaque côté, on a des vérifications à faire sur certains éléments, on va prendre la nuit et le matin pour les faire, a dit M. Boyer. On vous dévoilera le contenu quand ce sera fini, mais je peux vous dire que les travaux ont roulé... ç'a bien été», a-t-il ajouté brièvement après la rencontre.

À leur arrivée en fin d'après-midi, les chefs des centrales syndicales disaient espérer que le gouvernement soit prêt à présenter une proposition suffisamment alléchante pour mettre la table à une entente négociée avec ses employés.

Après de longs mois de négociations visant le renouvellement des conventions collectives et de nombreuses manifestations, Daniel Boyer avait dit souhaiter un règlement imminent.

«On va écouter les propositions de M. Coiteux», a commenté le chef syndical à son arrivée à Québec, lors d'un bref point de presse précédant la rencontre.

En point de presse mercredi matin, en marge de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres, M. Coiteux s'était montré confiant d'en arriver à une entente négociée avec l'ensemble des 550 000 employés de l'État avant Noël, même s'il ne reste que quelques jours avant l'échéance.

Compte tenu des progrès accomplis au cours des dernières semaines aux tables sectorielles, M. Coiteux a dit avoir estimé le moment venu de s'entretenir directement avec les chefs du front commun intersyndical pour trouver avec eux la «voie de passage» vers un règlement.

«On arrive au stade où, effectivement, on peut envisager d'avoir des discussions plus sérieuses autour de ce qui va être la voie de passage ultime de cette négociation», a commenté le ministre.

Il a fait valoir que le gouvernement avait mis de l'eau dans son vin ces dernières semaines, en acceptant de revoir à la hausse ses offres salariales initiales déposées il y a un an (trois pour cent d'augmentation en cinq ans), des offres qui avaient été aussitôt rejetées catégoriquement par les syndicats, qui les qualifiaient de «méprisantes».

Les syndicats réclamaient alors 13,5 % d'augmentation en trois ans.

Pendant des mois, le fossé semblait donc profond entre les deux parties et leurs divergences insurmontables. Mais au cours des dernières semaines, on a observé un dégel et une volonté commune de régler le dossier.

En incluant la relativité salariale et différentes bonifications, M. Coiteux évalue désormais l'offre du gouvernement à 7,5 % d'augmentation salariale sur cinq ans, «un saut considérable», selon lui.

Est-ce que le front commun est d'accord avec la méthode de calcul du gouvernement? «Je pense qu'on peut la partager, effectivement», a dit M. Boyer en fin de journée. Plus tôt, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) avait cependant exprimé des réserves, situant plutôt la hausse bonifiée à 6,4 % pour ce qui est de la rémunération, la portion restante étant appliquée aux ententes sectorielles.

M. Boyer a rappelé que pour les syndiqués du secteur public, il était essentiel que cette négociation ne se traduise pas par un appauvrissement. «En plus de cela, il y a un certain rattrapage salarial» réclamé, une pomme de discorde qui est au coeur des tractations.

Quoi qu'il en soit, M. Coiteux a reconnu que les syndicats avaient eux aussi fait des compromis au cours des derniers mois.

Des ententes ont déjà été conclues aux tables sectorielles avec plusieurs unités syndicales, sur les conditions de travail.

À la table centrale, les négociations se poursuivent toujours autour des épineuses questions de la rémunération et de l'âge de la retraite. Québec veut faire passer l'âge de la retraite de 60 à 62 ans.

Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l'APTS), la CSN et la FTQ.

Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars 2015.