Près de 19 mois après son élection, le gouvernement Couillard a semé la déception dans les secteurs agricole et agroalimentaire en ne les incluant pas dans sa stratégie de développement économique, estime le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau.

Il a dressé ce constat devant ses membres réunis en congrès général, mardi, à Québec, en rappelant qu'aucun des secteurs au coeur de la stratégie gouvernementale ne génère autant de retombées.

«Tout cela semble échapper aux gens qui réfléchissent au développement économique du Québec», a lancé M. Groleau au cours d'une allocution qui s'est étalée sur plus d'une heure.

À eux seuls, a-t-il soutenu, les secteurs agricole et agroalimentaire ont généré en 2014 des ventes respectives de 8 milliards $ et de 24 milliards $, en plus de représenter quelque 200 000 emplois directs et indirects.

Dans l'espoir de voir Québec changer son fusil d'épaule, l'UPA et le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, appuyés par la Coop Fédérée, l'Université Laval ainsi que le Mouvement Desjardins, ont fait parvenir une lettre au premier ministre Philippe Couillard en exigeant une rencontre rapide.

M. Groleau espère une intervention gouvernementale afin notamment de stimuler les investissements des agriculteurs, qui, d'après l'UPA, ont fléchi de 121 millions $ entre 2010 et 2014.

«Le gouvernement va bientôt avoir deux ans, a analysé le président de l'UPA, plus tard, en point de presse. Il s'est installé pendant la première année. Là, on commence à voir la définition de politiques ou l'absence de politiques.»

M. Groleau a estimé qu'il est temps de se demander si le recul des investissements constaté ces dernières années est attribuable à une augmentation des risques, rappelant qu'un secteur qui désinvestit ne se développe pas.

Malgré ses critiques, ce dernier a assuré qu'il n'avait pas «fermé la porte au gouvernement», ajoutant que l'UPA était toujours prête à collaborer. Il a également réitéré sa confiance à l'endroit du ministre de l'Agriculture, Pierre Paradis, qui doit prononcer une allocution devant les membres de l'Union mercredi.

Cela n'a toutefois pas empêché M. Groleau d'écorcher le ministre Paradis en lui reprochant d'avoir «politisé» la question de la relève agricole au Québec en confiant le dossier à l'ancien sous-ministre Jean Pronovost.

«C'était un choix politique, a laissé tomber le président de l'UPA. Nous, on n'a pas de très bons souvenirs du rapport Pronovost.»

Dans le passé, M. Pronovost avait formulé des recommandations qui allaient à l'encontre de la mise en marché collective des produits agricoles, une stratégie ardemment défendue par l'Union.

Les membres de l'UPA ont par ailleurs appris une mauvaise nouvelle puisque le nouveau ministre fédéral de l'Agriculture, Lawrence MacAulay, qui devait s'adresser aux membres mercredi, a annulé sa présence en raison d'un manque de temps.

La présence de ce dernier était très attendue en raison de l'entente de principe du Partenariat transpacifique (PTP) conclue entre 12 pays, dont le Canada, le 5 octobre dernier.

Malgré les compensations de 4,3 milliards $ sur 15 ans évoquées en campagne électorale, de nombreux agriculteurs s'inquiètent des effets de cet accord de libre-échange sur le système de gestion de l'offre régissant les producteurs de lait, de volailles et d'oeufs.

Advenant la ratification du PTP, le Canada fera des concessions en offrant l'accès à 3,25 pour cent de son secteur laitier, 2,3% du marché des oeufs et 2,1% de celui du poulet.

M. Groleau a abordé ce controversé accord de libre-échange en le qualifiant de «pas parfait» mais «acceptable». S'il aurait préféré que le secteur agricole soit épargné, le président de l'UPA s'est dit confiant pour la gestion de l'offre à long terme.

Le président a reconnu qu'il aurait été intéressant d'entendre le nouveau ministre fédéral de l'Agriculture sur le PTP. Il croit que l'UPA pourra le rencontrer au Québec ou à Ottawa d'ici le temps des fêtes.