Le gouvernement Couillard traite l'État québécois comme s'il s'agissait d'un «mal nécessaire», selon le chef péquiste Pierre Karl Péladeau.

Ce gouvernement est obsédé par le démantèlement de l'État, comme en font foi les offres salariales à ses employés et les compressions dans les services publics, a estimé M. Péladeau, à l'ouverture du conseil national du Parti québécois, qui se tient tout le week-end à Sherbrooke.

D'abord en point de presse, puis au cours d'une allocution de plus d'une demi-heure, se posant en grand défenseur de l'État, il a déploré la propension du gouvernement Couillard à dévaloriser le secteur public et à «démolir le modèle québécois».

Il s'en est pris particulièrement à celui qui mène les négociations pour le gouvernement, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, qui «considère l'État comme un mal nécessaire».

Pour appuyer son argumentaire, M. Péladeau, qui en est à son premier conseil national à titre de chef, citait en exemple le dernier sondage Léger-Le Devoir-Journal de Montréal, publié samedi, indiquant une hausse du taux d'insatisfaction des Québécois à l'égard du gouvernement. On apprend que 64 % d'entre eux jugent que Québec gère mal les négociations actuelles avec les syndicats du secteur public. De plus, 51 % appuient la position syndicale, contre 28 % qui se rangent derrière le gouvernement.

Cependant, ce rejet des positions gouvernementales ne se traduit pas par une hausse des intentions de vote pour le Parti québécois, qui stagne à 32 %, contre 35 % pour les libéraux de Philippe Couillard.

«Toutes les communautés doivent entendre le message»

A ce propos, M. Péladeau a dit qu'il souhaitait étendre le rayonnement du PQ et se rapprocher des non-francophones. Son équipe fera donc un effort accru dans les années à venir pour «multiplier les rendez-vous» avec les anglophones, immigrants et citoyens des communautés culturelles, une partie de la population traditionnellement peu portée à joindre les rangs souverainistes. «Cela m'apparaît essentiel pour faire en sorte de réaliser notre pays», a commenté M. Péladeau, à la recherche d'une majorité de Québécois favorables au «Oui».

«Que ce soit la communauté anglophone, la communauté congolaise, la communauté haïtienne, toutes les communautés doivent entendre le message», a renchéri la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, qui fait partie, avec ses collègues Maka Kotto et Pascal Bérubé, du comité chargé par le chef de bâtir des ponts avec les non-francophones.

Contrairement à l'idée répandue, l'option souverainiste, «ça pogne» auprès de différentes communautés, selon elle.

«On repart cette machine-là», a ajouté Mme Poirier, déterminée à «vendre notre projet de pays».

Quand un journaliste anglophone lui a demandé, en anglais, de décrire le mandat du comité, Mme Poirier a répondu, en français: «Je ne le fais pas en anglais», avant de tourner les talons.

Le conseil national regroupe quelque 350 personnes (dont l'exécutif, les députés, les présidents d'associations des 125 circonscriptions et présidents régionaux) qui veulent définir de meilleurs outils de promotion de la souveraineté au cours du week-end et préparer le terrain du prochain congrès des membres, qui devrait avoir lieu l'an prochain et aborder plus directement la délicate question du processus d'accession du Québec à la souveraineté.