Le premier ministre Philippe Couillard a maintenu le cap, mercredi, sur l'accueil de 3650 réfugiés au Québec d'ici la fin de l'année, malgré les bémols exprimés par deux ministres.

M. Couillard a affirmé qu'il avait fait le point avec ses collègues du conseil des ministres, mercredi, à propos de cet objectif fixé en septembre.

Dans une conférence de presse qui a suivi, M. Couillard a fait référence aux propos du ministre intérimaire de la Sécurité publique, Pierre Moreau, qui a été incapable de préciser le nombre de réfugiés qui seront au Québec au 31 décembre.

«On est sur la même longueur d'onde, a-t-il dit. On vient d'en parler, lui et moi, avec tous les collègues. On est très, très, très confiants d'atteindre la cible du premier contingent.»

M. Couillard a affirmé qu'il reste cependant des questions sur la possibilité d'atteindre cet objectif si le total du Québec passe à 5700 après la décision du premier ministre Justin Trudeau de recevoir 25 000 réfugiés à travers le pays.

«Sur le premier contingent, nous, on n'a aucun doute parce qu'on a les moyens financiers, les mécanismes, le Québec est bien connu quant à sa capacité de faire ça, a-t-il dit. La question qui reste à éclaircir, c'est la mise en place du plan fédéral plus large.»

Plus tôt, M. Moreau a répété que 2400 dossiers de réfugiés déjà sélectionnés par le gouvernement québécois seront entre les mains des autorités fédérales, au 18 décembre, afin de compléter les formalités de sécurité et de santé.

Lors d'un échange avec la presse parlementaire, M. Moreau n'a pas été en mesure de s'avancer sur le nombre de réfugiés qui auront reçu toutes les autorisations, en 13 jours, permettant leur entrée sur le territoire d'ici la fin de l'année.

«Ça je ne le sais pas, ce n'est pas moi qui fait les habilitations sécuritaires, a-t-il dit. Je ne le sais pas.»

En septembre, la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, avait également mis un bémol sur l'atteinte de l'objectif de 3650 réfugiés, un nombre équivalent au triple de ce qui était prévu avant la crise syrienne.

Dans une conférence de presse à Québec, Mme Weil avait assuré qu'Ottawa aurait complété le traitement de 2000 dossiers avant janvier.

«Est-ce qu'on atteindra le triple de nos objectifs? C'est un peu difficile à dire», avait-elle alors expliqué.

Dans un point de presse avant la période des questions, mercredi, M. Moreau a affirmé que le gouvernement du Québec ne s'était jamais fixé d'échéancier pour l'accueil de réfugiés cette année.

«On n'a pas fixé d'objectif, le Québec, au 31 décembre, au 18 janvier, au 16 février ou au 4 novembre, a-t-il dit. On a dit: on va recevoir tant de personnes. On va les recevoir quand? Quand les habilitations sécuritaires auront été complétées.»

Selon le ministre, la semaine dernière, 40 réfugiés dont les vérifications étaient complétées sont arrivés au Québec, tandis que 92 autres devraient faire de même cette semaine.

L'intention d'Ottawa d'accueillir 25 000 réfugiés à travers le Canada d'ici au 31 décembre pourrait faire passer le nombre qui sera pris en charge par le Québec à 5700 personnes.

Mardi, M. Couillard a refusé de demander à Ottawa un report de cet objectif, bien que M. Moreau l'ait qualifié d'irréaliste.

Le chef caquiste François Legault a réagi mercredi en affirmant que M. Couillard avait préféré défendre l'objectif de M. Trudeau plutôt que les réserves de M. Moreau et Mme Weil sur le réalisme de son échéancier.

«M. Couillard a choisi de défendre M. Trudeau même s'il venait contredire deux de ses ministres, a-t-il dit. Il a choisi M. Trudeau avant deux de ses ministres.»

M. Moreau a minimisé la perception, mercredi, que le premier ministre et lui n'ont pas la même perception de la capacité d'accueil du Québec d'ici la fin de l'année.

«On est une équipe unie, je suis très heureux du leadership du premier ministre», a-t-il dit.

M. Moreau a affirmé mardi qu'il jugeait «irréaliste» l'échéancier du gouvernement fédéral pour l'ajout éventuel de 2050 réfugiés au nombre reçu par Québec, qui passerait à 5700.

«On est avec les échéanciers fédéraux, a-t-il dit. Nous au Québec, ce qu'on a dit qu'on était capable de recevoir, on est capable de les recevoir.»

Tout comme il l'avait dit mardi, M. Moreau a déclaré qu'il s'attend à ce que le temps des fêtes ralentisse les vérifications de sécurité.

«Il y a un ralentissement, c'est évident», a-t-il dit.

Par ailleurs, Mme Weil a refusé de dire si le maire de Québec, Régis Labeaume, a fait preuve d'intolérance en marquant sa préférence pour l'accueil d'orphelins et de familles par craintes des risques de sécurité qui pourraient être posés par des hommes de 20 ans.

«Je pense qu'il exprime peut-être son désir d'avoir des enfants qui ont vraiment besoin de protection», a-t-elle dit.

À l'entrée du conseil des ministres, Mme Weil a affirmé que les municipalités ne pourront pas choisir les réfugiés qu'elles reçoivent.

Le gouvernement s'assurera toutefois que les municipalités d'accueil ont les ressources nécessaires pour répondre aux besoins de leurs nouveaux résidants, notamment en matière de santé psychologique dans des cas particuliers.

«Il n'y a pas de choix de personnes, a-t-elle dit. Ce qu'on fait c'est qu'on organise le jumelage, par le profil des personnes. Elles vont aller dans des villes où il y a des services adaptés à ces besoins.»