En dépit des compressions budgétaires et de la collision toute récente avec les employés du secteur public, les libéraux de Philippe Couillard sont parvenus à conserver leurs acquis, remportant trois des quatre circonscriptions en jeu dans les complémentaires de lundi.

Le PQ est lui aussi arrivé sans problème à préserver son bastion de René-Lévesque. Quant à la Coalition avenir Québec, elle est en recul dans chacune des quatre circonscriptions en pourcentage des voix exprimées.

Seule véritable lutte lundi soir, dans Saint-HenriSainte-Anne, la vedette libérale Dominique Anglade a remporté la circonscription avec 39% des suffrages, une majorité de 1206 voix. L'appui au PLQ a fondu par rapport aux 52% de voix récoltées par celle qui l'avait précédée, l'ex-ministre Marguerite Blais. Arrivant au bras de sa candidate, Philippe Couillard s'est tout de même dit satisfait des résultats. Dans René-Lévesque, Karine Otis a presque doublé le pourcentage d'appuis au PLQ dans cette circonscription traditionnellement péquiste, a-t-il relevé. «Trois belles victoires et un beau combat, une bonne soirée pour le parti du redressement et de la relance du Québec», a soutenu M. Couillard.

Mme Anglade a devancé les candidates du Parti québécois, Gabrielle Lemieux et de Québec solidaire, Marie-Ève Rancourt. Toutes deux ont amélioré de plus de 10% le score de leur parti par rapport aux élections de 2014. Le PQ obtient 30% des suffrages et Québec solidaire, 21%. La division des voix entre les deux partis souverainistes permettra à Mme Anglade de faire son entrée à l'Assemblée nationale. La Coalition avenir Québec et son candidat Louis-Philippe Boulanger n'ont pu faire mieux que 5 % des votes, deux fois moins qu'en avril 2014.

Mme Anglade, ancienne présidente et candidate de la Coalition avenir Québec, peut prétendre à un poste au Conseil des ministres, mais il n'est pas certain que le premier ministre Couillard voudra faire monter rapidement cette néophyte au Conseil, laissant du même coup en plan des députés qui le suivent depuis longtemps.

Un taux de participation anémique, autour de 25% pour les circonscriptions de la région de Montréal, témoigne de l'indifférence des électeurs, déjà sollicités par une campagne fédérale d'une longueur sans précédent. Dans René-Lévesque et dans Beauce-Sud, les électeurs ont voté à près de 40%. Le premier ministre Couillard avait déclenché les élections complémentaires même si la campagne fédérale n'était pas terminée. Ayant déjà bon espoir de l'emporter dans trois des quatre circonscriptions en jeu, il tenait à présenter ses nouveaux députés au conseil général de son parti, en fin de semaine prochaine à Québec.

René-Lévesque

Seule victoire péquiste, dans René-Lévesque, le candidat Martin Ouellet a conservé ce bastion au Parti québécois qui a toujours représenté cette circonscription, à l'exception d'un bref intermède adéquiste en 2006.

Devant les électeurs de Baie-Comeau, Pierre Karl Péladeau a dit que le déclenchement des complémentaires durant la campagne fédérale alimentait le cynisme des électeurs. « Le Parti québécois est un parti engagé pour la défense des citoyens, a lancé M. Péladeau. On va continuer de faire notre travail à l'Assemblée nationale, dénoncer cette austérité que le premier ministre libéral impose aux Québécois», a-t-il dit en promettant que son parti «[serait] toujours le défenseur des régions».

La circonscription fortement syndiquée de la Côte-Nord a voté à 49% pour le PQ, une majorité de 1334 voix. La libérale Karine Otis suit, avec 38%. Ils sont suivis de très loin par Dave Savard de la CAQ avec un maigre 6% des votes.

Aux élections générales de l'an dernier, le député sortant Marjolain Dufour, issu du monde syndical, avait obtenu 55% des suffrages, une majorité de 6600 voix sur le libéral Michel Lévesque qui avait convaincu 22% des électeurs. La CAQ avait récolté 16% des voix.

Beauce-Sud

Sans surprise dans Beauce-Sud, le candidat libéral Paul Busque, un homme d'affaires, a gardé la circonscription de Robert Dutil dans le giron libéral avec 56% des suffrages, une avance de 5419 voix sur le candidat caquiste Tom Redmond, un conseiller municipal, qui a obtenu le meilleur score pour son parti en attirant 30% des électeurs.

Une grosse déception pour François Legault, le chef de la CAQ, qui avait choisi cette circonscription pour son intervention. Beauce-Sud restait le meilleur espoir de son parti parmi les quatre circonscriptions dans la balance. «Les gens n'ont tout simplement pas voté. Je ne peux pas croire que les enseignants, les gens en santé sont satisfaits du Parti libéral.

«C'est surtout un gros problème de participation qu'on vit ce soir. Dans Saint-HenriSainte-Anne, le taux de participation est autour de 22%, est-ce qu'on parle de démocratie? Ça commence à ressembler aux commissions scolaires», a soutenu M. Legault. La CAQ a eu du mal à convaincre les gens d'aller voter et pouvait difficilement faire campagne avant le scrutin fédéral. «C'est le cynisme qui a gagné ici ce soir», a-t-il conclu.

Aux élections de 2014, l'ex-ministre Dutil avait obtenu 50% des suffrages, devançant la CAQ et Samuel Poulin, qui avait obtenu un solide 38%. Le PQ était encore une fois troisième, loin derrière avec 7% des suffrages.

Fabre

Finalement, les libéraux sont parvenus sans difficulté à maintenir leurs acquis dans la circonscription de Fabre, rendue vacante par la démission de l'ex-bâtonnier Gilles Ouimet. Ancienne présidente du Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec, Monique Sauvé l'a emporté avec 44% des suffrages, coiffant le péquiste Jibril Akaaboune Le François qui a fini deuxième avec 29% des votes. La CAQ, avec Carla El-Ghandour, a récolté 15% des voix.

Il s'agit d'un autre recul pour le PLQ. En 2014, le bâtonnier Ouimet avait récolté 55% des suffrages dans l'ancienne circonscription de Michelle Courchesne. Il avait obtenu une majorité de 12 800 voix sur le candidat péquiste, qui avait récolté 21% des voix. Le caquiste n'était pas loin derrière avec 18% des suffrages.