Le réchauffement de la planète est tout près d'atteindre son point de bascule. Il faut agir, et vite, a soutenu le premier ministre Philippe Couillard, vendredi, en livrant une allocution aux accents alarmistes devant les participants réunis à la conférence internationale Arctic Circle.

Avec notamment le Prince Albert de Monaco, M. Couillard était un des premiers orateurs invités à prendre la parole à l'occasion du lancement des travaux de la conférence qui attire 1800 participants d'une cinquantaine de pays, dont de nombreux chercheurs, jusqu'à dimanche dans la capitale islandaise.

Il s'agit de la troisième édition de cet événement, qui gagne en popularité et en notoriété chaque année.

Dans son exposé, livré en français, avec traduction simultanée, M. Couillard a mis la table pour sa participation à la très attendue conférence des Nations unies COP21, qui se tiendra à Paris, en décembre, et qui doit sceller le sort de la lutte contre les gaz à effet de serre pour les années à venir.

«Nous sommes à la veille de points de bascule», a prévenu le premier ministre, qui compte bien faire en sorte que le Québec parle de sa propre voix à Paris, dans la catégorie des «États fédérés» ayant leur mot à dire même s'ils ne sont pas des pays indépendants.

«Reculs de la banquise, biodiversité en péril: le Nord, sentinelle du climat, nous apostrophe», a résumé M. Couillard devant son auditoire.

«Ce n'est pas la première fois que le climat se réchauffe sous nos latitudes. Sauf qu'il le fait des centaines de fois plus vite qu'à d'autres époques», a-t-il commenté, en ajoutant qu'il était devenu «impératif» que tous les pays joignent leurs efforts et mettent tout en oeuvre afin de doter la planète d'un nouveau projet international commun de contrôle climatique, en décembre à Paris.

Au nord du Québec, «le changement climatique est déjà une réalité», a dit M. Couillard, indiquant qu'en 2050, la hausse de température pourrait atteindre entre 2,8 et 5,8 degrés Celsius.

La conférence de Paris doit servir à préciser les engagements pris par les pays participants pour contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés Celsius.

En point de presse, par la suite, le premier ministre a souligné le fait que malgré le contexte budgétaire difficile, son gouvernement avait investi 3 millions de dollars pour créer un Institut nordique, dans le cadre du Plan Nord.

«On ne peut pas financer tous les secteurs. Il faut choisir nos priorités. Comme le Plan Nord est une de nos grandes priorités, tout l'aspect scientifique et académique lié à ça doit absolument être soutenu et on va continuer de le soutenir», a promis le premier ministre, persuadé «qu'on a besoin de la science pour guider nos décisions».

Malgré cet engagement, les chiffres officiels indiquent que le financement gouvernemental des trois principaux programmes de recherche nordique a tendance à diminuer, ayant passé de 5,7 millions en 2011-2012 à 5,2 millions en 2013-2014.