Le gouvernement Couillard accentue la pression sur Ottawa dans le dossier des réfugiés syriens et envoie sa ministre des Relations internationales en Allemagne pour visiter un camp de migrants.

Christine St-Pierre se rendra en Bavière pour rencontrer la ministre allemande des Affaires européennes et des Relations régionales, Beate Merk. L'objectif est d'échanger sur les meilleures pratiques d'accueil des migrants. La ministre se rendra aussi dans un camp près de Munich pour constater les conditions dans lesquelles se trouvent les réfugiés.

Cette visite est annoncée une semaine après l'envoi par Québec de 5000 lits de camp et de couvertures en Allemagne pour aider le pays à accueillir des réfugiés syriens.

La démarche envoie aussi un message clair au gouvernement conservateur sortant, estime la ministre: Québec n'a pas l'intention de lâcher le morceau sur la question des réfugiés syriens, devenue un enjeu majeur de la campagne fédérale.

«Nous sommes très déterminés et il faut envoyer ce message-là», a indiqué Mme St-Pierre en entrevue.

Quel sera l'effet de ce voyage sur les négociations avec Ottawa? La ministre ne cache pas qu'elle souhaite un déblocage.

«On souhaite que l'effet soit d'obtenir le feu vert et qu'on autorise les 2000 dossiers en attente qu'on a à Beyrouth, a-t-elle dit. Le geste qu'on pose est très clair, il est très concret.»

Le gouvernement Couillard a annoncé il y a deux semaines son intention d'accueillir trois fois plus de réfugiés affectés par le conflit en Syrie. Il souhaite que leur nombre passe de 1200 à 3650 cette année.

Le premier ministre Philippe Couillard a lui-même annoncé qu'il parrainera une famille.

Or, le plan nécessite la collaboration du gouvernement fédéral. Celui-ci doit autoriser Québec à envoyer des fonctionnaires au Liban afin qu'ils puissent étudier plus rapidement les demandes de réfugiés parrainés.

Le gouvernement a aussi demandé à Ottawa de définir des zones européennes où se trouve une forte concentration de migrants afin qu'ils puissent être conduits au Québec par avion.

En campagne électorale, le premier ministre sortant, Stephen Harper, s'est montré réticent à accueillir davantage de migrants, insistant sur l'importance d'assurer la sécurité du Canada. La ministre de l'Immigration Kathleen Weil a eu des échanges avec son homologue fédéral, Chris Alexander, mais la réponse d'Ottawa se fait toujours attendre.

Itinéraire modifié

À l'origine, le voyage de Mme St-Pierre devait la mener en Belgique, où un événement culturel rassemble plusieurs créateurs québécois. Mais elle a modifié son itinéraire face à l'ampleur de la crise humanitaire qui sévit en Europe.

Elle a visité hier une caserne à Namur, en Belgique, qui devait accueillir quelque 150 réfugiés. Elle se rendra lundi en Allemagne, où le gouvernement bavarois s'intéresse aux programmes québécois d'intégration linguistique des immigrants.

Québec tirera aussi des leçons de la visite, dit la ministre. Elle observera comment les autorités allemandes composent avec les craintes suscitées par l'afflux de centaines de milliers de réfugiés.

«Si on communique bien, si on se prépare bien, si on parle des groupes de parrainage qui sont prêts à accueillir des réfugiés, on est capable de faire en sorte que la population chez nous soit rassurée, a indiqué Mme St-Pierre. Il n'est pas question de mettre en péril quoi que ce soit sur le plan de la sécurité, mais il faut faire en sorte de soulager un certain nombre de réfugiés.»

L'Allemagne s'attend à recevoir 800 000 réfugiés d'ici la fin de 2015.