Une participation financière de l'État dans le projet de retour des Nordiques de Québec n'est pas dans les priorités du gouvernement, a déclaré le premier ministre Philippe Couillard.

Présent à la cérémonie d'inauguration de l'amphithéâtre de Québec, M. Couillard a affirmé, mardi, en conférence de presse, que cette hypothèse n'était pas dans les priorités.

«Je n'ai pas parlé d'aide, j'ai parlé d'une participation hypothétique, a-t-il dit. (...) Ce n'est pas dans les priorités qu'on a, les priorités qu'on a sont autres, vous avez vu tous les besoins que la société exprime. Il y a bien d'autres besoins à combler avant ça.»

Après avoir déjà évoqué l'an dernier la possibilité d'un partenariat à la condition d'un rendement sur l'investissement des contribuables, M. Couillard a constaté que le conglomérat Québecor, qui a obtenu la gestion de l'amphithéâtre jusqu'en 2040, n'a rien demandé.

«Si un jour le gouvernement, et ça ne me paraît pas nécessaire d'après ce que j'entends, devait en faire partie, il faudrait que ce soit payant pour le gouvernement et les contribuables également, a-t-il dit. Maintenant, ceci dit, ce que j'entends m'amène à penser que le secteur privé est capable de prendre cette aventure en main. S'il y a lieu qu'on y contribue on le fera mais pas de façon aveugle.»

Questionné sur la possibilité que l'État fasse «quelque chose» pour le retour des Nordiques, M. Couillard a rappelé que le gouvernement a déjà subventionné la moitié des coûts de construction de l'édifice.

«Le quelque chose est là, a-t-il dit en montrant la patinoire et les gradins flambant neufs qui se trouvaient derrrière lui. Il y a 200 millions $ de fonds publics, de tous les contribuables du Québec.»

Fin août, les libéraux avaient accusé le chef péquiste Pierre Karl Péladeau, actionnaire de contrôle de Québecor, de s'être placé en situation de conflit d'intérêts lorsqu'il a affirmé qu'il laissait la Caisse de dépôt et placement du Québec, une société d'État, décider s'il serait rentable de s'associer au projet de retour des Nordiques.

Mardi, M. Couillard a affirmé que la Caisse a l'indépendance nécessaire pour choisir ses investissements.

«Moi je ne donne aucune instruction à la Caisse de dépôt et placement comme vous le savez», a-t-il dit.

Avant M. Couillard, le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Dion, a affirmé, mardi, que l'entreprise, gestionnaire de l'amphithéâtre, a les ressources pour faire seule l'acquisition éventuelle d'une concession de la Ligue nationale de hockey.

M. Dion, qui a remercié M. Péladeau pour son implication dans les débuts du projet, a cependant précisé qu'une fois la transaction complétée, l'entreprise pourrait décider de s'adjoindre des partenaires, tout en conservant le contrôle financier sur l'équipe.

«On décidera par la suite si on veut des partenaires financiers, si c'est le bon «timing» et si ce sont les bonnes conditions pour avoir des partenaires financiers», a-t-il dit.

Lors d'une conférence de presse dans le nouvel édifice de 370 millions $, M. Dion a affirmé que la LNH n'a donné aucun échéancier pour son processus d'expansion, dans lequel l'entreprise s'est engagée avec optimisme cet été.

«Ça se pourrait que la Ligue nationale nous demande d'autres documents dans les semaines à venir, a-t-il dit. La Ligue nationale n'a donné aucun délai par rapport à ce processus. Et vous le savez, c'est un projet d'expansion potentiel, ce n'est pas officiel qu'il va y avoir effectivement à la fin des gens qui auront l'obtention d'une franchise.»

Malgré l'absence d'équipe dans le nouvel amphithéâtre, les activités de l'installation sont viables, a indiqué M. Dion. Le gouvernement et la municipalité ont financé à parts égales la construction de l'édifice, dont l'objectif était d'obtenir une équipe de la LNH après le déménagement des Nordiques en 1995.

«Naturellement, si un club professionnel s'ajoute à ça, on va devenir un des amphithéâtres les plus occupés en Amérique du Nord, parce qu'on aurait les Nordiques, les Remparts, les spectacles», a-t-il dit.

Durant la conférence de presse, le maire de Québec Régis Labeaume, qui avait obtenu 80 pour cent des votes lors de son élection en 2009, véritable référendum sur le projet, a affirmé que la période la plus difficile pour lui aura été la contestation judiciaire du projet.

«Ça a été très difficile, ç'a été très, très, très dur», a-t-il dit.

M. Labeaume a profité de l'événement pour s'excuser auprès de l'ex-chef péquiste Pauline Marois et de sa députée Agnès Maltais, pour la crise de leadership provoquée au PQ par le projet de loi privé qu'il avait réclamé afin de mettre le contrat de gestion avec Québecor à l'abri des poursuites judiciaires.

«À Mme Marois et Agnès Maltais qui ont vécu des moments un peu douloureux, sous-estimés, surprenants, dans ce dossier-là, et je m'en excuse encore auprès de Mme Marois», a-t-il dit.

Après la conférence de presse, juste avant de se rendre à une réception fermée aux médias, à laquelle participait notamment M. Péladeau, l'ancien premier ministre Jean Charest, qui a accepté le financement du projet par le gouvernement, a affirmé qu'il avait dû surmonter la résistance de certains membres de son caucus lui aussi.

«Dans notre groupe aussi, les gens se questionnaient, il n'y avait pas une recommandation très claire de la fonction publique, a-t-il dit. Mais ce qui nous avait vraiment convaincu, c'est qu'on avait un partenaire en qui on avait beaucoup confiance avec M. Labeaume.»