L'opposition a accusé le gouvernement Couillard d'opérer un «recul inacceptable» en permettant aux fonctionnaires de porter un tchador dans son projet de loi sur la neutralité de l'État.

Le projet de loi présenté mercredi par la ministre de la Justice Stéphanie Vallée prévoit que les services gouvernementaux doivent être donnés «à visage découvert».

S'il est adopté tel quel, les fonctionnaires se verront interdire le port du niqab ou de la burqa. Mais le tchador, un voile qui couvre une grande partie du corps qui laisse le visage découvert, restera permis.

Mme Vallée a esquivé à maintes reprises les questions sur le port du tchador en les qualifiant « d'hypothèses » et en martelant que sa loi ne cible pas le port de vêtements. En point de presse, elle a finalement justifié sa décision.

«Le tchador, pour bien des gens, constitue un signe d'oppression de la femme, a-t-elle reconnu. Il y a des femmes qui sont forcées de le porter, mais il y a des femmes qui le portent de façon volontaire. Et ça aussi, il faut respecter ça.»

L'omission du tchador des dispositions sur la neutralité religieuse de l'État marque une volte-face du gouvernement libéral. En janvier 2014, alors qu'il était chef de l'opposition, Philippe Couillard s'était prononcé contre le port du tchador dans la fonction publique.

Mme Vallée a d'ailleurs réitéré que le Parti libéral ne permettrait pas à une femme portant le tchador de briguer les suffrages sous la bannière du Parti libéral.

Recul

Aux yeux de la députée du Parti québécois, Agnès Maltais, la décision marque un « recul inacceptable » du droit des femmes.

«Soudainement, hier, pour la ministre de la Justice, le tchador est redevenu une simple pièce de vêtement comme les autres, a-t-elle dénoncé à l'Assemblée nationale. C'est un recul qui est totalement inacceptable.»

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, s'est lui aussi prononcé en faveur de l'interdiction du tchador dans la fonction publique.

En chambre, M. Legault a souligné que la commission Bouchard-Taylor a recommandé l'interdiction du port de signe religieux pour certains employés de l'État, notamment ceux qui se trouvent en position d'autorité comme les juges, les policiers et les gardiens de prison. Il a appelé le gouvernement Couillard à chercher un «compromis honorable» avec l'opposition.