Québec accorde un modeste 100 000 $ par an pendant trois ans aux pays membres de la Francophonie pour contrer les «forces de destruction massive».

Ces sommes destinées à la mise sur pied de politiques jeunesse permettront en effet de combattre la radicalisation, au dire de la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean.

L'ancienne gouverneure-générale du Canada était en visite à Québec, mercredi, pour rencontrer notamment le premier ministre Philippe Couillard et ils ont fait cette annonce ensemble.

L'aide que pourra apporter le Québec aux pays de la Francophonie est une solution au «grand défi» actuel des jeunes, l'employabilité, a dit Mme Jean en conférence de presse dans le hall de l'édifice du Conseil exécutif.

«Il y a beaucoup de désenchantement, beaucoup de jeunes qui ont le sentiment d'un avenir bouché, beaucoup de jeunes qui se retrouvent par milliers, par millions, même instruits, à heurter le grand problème du chômage. Il faut répondre à leurs attentes», a-t-elle dit.

Aux yeux de la secrétaire générale de la Francophonie, leur «désespoir» est un terreau fertile pour des organisations criminelles et radicalisées, et la nécessité de les devancer «nous explose au visage».

«C'est d'investir dans ces forces vives que sont les jeunes, que sont les femmes, pour la stabilité, pour la sécurité, parce que c'est une façon de désamorcer aussi les forces de destruction massive qui sont en marche, et qui ne misent que là-dessus: déstabiliser, créer un climat de terreur. Donc à nous d'arriver avec une mobilisation, des partenariats innovants, des solutions concrètes», a dit Mme Jean.

Philippe Couillard a abondé dans le même sens. Il a aussi reconnu que la pauvreté et le chômage sont des vecteurs d'embrigadement, en faisant référence, sans le dire précisément, à ces jeunes Québécois qui ont défrayé la manchette au cours des derniers mois, pour avoir tenté de sortir du pays afin d'aller faire le djihad au Proche-Orient.

«Pourquoi ces jeunes s'embarquent-ils dans ces mouvements? C'est presque incompréhensible pour nous. C'est parce qu'on leur offre prétendument un projet de vie, quel projet de vie destructeur! (...) La solution passe par la liberté, l'ouverture, la dignité et l'espoir, et fondamentalement, ces objectifs, on les atteint par l'emploi, par la participation économique», a dit le premier ministre.

Michaëlle Jean a jugé cette enveloppe de 100 000 $ par an importante et n'a pas minimisé l'effort du Québec. «Je pense que toute contribution a son poids», a-t-elle déclaré.

Pour sa part, le premier ministre a précisé que cette enveloppe s'ajoutait aux 10 millions $ annuels que fournit déjà le Québec à l'OIF, une contribution qui n'a pas diminué malgré les efforts pour revenir à l'équilibre budgétaire, a-t-il aussi fait valoir.

Et par ailleurs, M. Couillard a insisté sur le fait qu'il n'est pas seulement question d'argent: il y aura aussi «échange d'expertise», puisque le Québec est reconnu pour son expérience en matière de politiques d'accès à l'emploi.