Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, est convaincu que les électeurs québécois vont «se tanner» d'entendre parler de la question nationale d'ici la prochaine élection générale prévue dans trois ans.

Deux jours après une douloureuse défaite qui a permis aux libéraux d'arracher la circonscription de Chauveau aux caquistes, M. Legault s'interrogeait, mercredi, sur les raisons de l'insensibilité des électeurs au discours de la CAQ contre les hausses de taxes.

«Pour les gens de Chauveau, une augmentation de taxe scolaire de 33%, ce n'est pas le sujet le plus important pour eux, a-t-il dit lors d'un point de presse. Et, écoutez, je remarque que M. (Philippe) Couillard, même de Rome, demandait des précisions à François Legault sur sa position sur la question nationale, et puis, en fin de semaine dernière, il m'interpellait sur la séparation du Québec.»

Tout comme il l'avait fait lundi soir après avoir pris acte du résultat du scrutin, M. Legault a attribué ce revers à une stratégie du premier ministre Couillard qui l'a interrogé sur la position des caquistes concernant la place du Québec dans le Canada.

«Je suis profondément convaincu que les Québécois, incluant à Québec, d'ici trois ans, vont se tanner de ce dossier-là puis ils vont vouloir parler d'autre chose, ils vont vouloir parler de comment on fait pour donner les moyens de nos ambitions, entre autres à la classe moyenne, a-t-il dit. Et moi, le pari que je fais, c'est que je vais réussir d'ici trois ans à convaincre la population de Québec de se sortir de cette polarisation sur la question nationale.»

Quelques jours avant l'élection partielle, M. Legault avait accusé le chef péquiste Pierre Karl Péladeau de nuire au retour des Nordiques parce que sa situation d'actionnaire de Québecor, le conglomérat chargé du projet, et de souverainiste, indisposait notamment les propriétaires du Canadien de Montréal, une information démentie ensuite par l'équipe.

Mercredi, M. Legault a rejeté l'explication du Canadien de Montréal, prévisible selon lui, en affirmant que la réalité néanmoins est toute autre.

«Mais vous attendiez-vous à d'autres choses? a-t-il demandé aux journalistes. Mais si, vous, vous croyez que le Canadien et les Maple Leafs ont envie de donner une franchise à M. Péladeau, vous êtes libres de penser ça. Moi, ce n'est pas ce que je pense.»

Aux journalistes qui constataient les départs importants qui se sont succédé depuis un peu plus d'un an à la CAQ, de Jacques Duchesneau à Gérard Deltell, M. Legault a soutenu que sa formation politique et lui sont là pour rester.

«Je veux aussi être très clair sur deux choses, et la CAQ et François Legault sont là pour rester, a-t-il dit. Moi, je suis plus convaincu que jamais que le Québec a besoin d'un coup de barre. Et on a besoin de sortir de l'alternance entre les deux vieux partis qui nous amènent dans un déclin tranquille où le Québec par rapport à ses voisins recule toujours plus chaque année.»

Mardi, la candidate caquiste défaite dans Chauveau, Jocelyne Cazin, a attribué son résultat à une couverture défavorable des médias ainsi qu'à l'absence d'appui manifeste du député sortant, M. Deltell.

M. Legault n'a pas voulu s'aventurer sur ce terrain, mercredi, préférant prendre l'entière responsabilité de ce résultat, survenu alors que M. Deltell avait remporté Chauveau par une très forte majorité de 10 000 votes au scrutin de 2014.

«Je vous dis que je prends 100 pour cent du blâme et la responsabilité revient à François Legault puis à la CAQ», a-t-il dit.

Après avoir réussi à faire augmenter ses appuis lundi, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a expliqué mercredi qu'il mise notamment sur des entrevues aux radios privées de Québec pour diffuser plus largement le message et les objectifs du PQ dans la région, notamment pour conquérir l'électorat de la CAQ.

«J'ai beaucoup de plaisir à recevoir les invitations des radios de Québec, a-t-il dit. C'est un format, je dois l'avouer, intéressant, parce que ça nous permet justement d'échanger davantage en profondeur et de donner suite à ces explications.»

Conscient du chemin qu'il reste à faire, M. Péladeau a affirmé que le PQ «veut redevenir une force politique à Québec».

«Je suis convaincu que chez les caquistes, il y a des nationalistes, il y a des indépendantistes et qu'effectivement nous allons travailler pour aller à leur rencontre, répondre à leurs questions, leurs expectatives, et à leurs souhaits. Nous souhaitons évidemment qu'ils rejoignent le PQ», a-t-il dit.

Le premier ministre Couillard a accueilli ses deux nouveaux députés, Véronyque Tremblay, élue dans Chauveau, et Sébastien Proulx, élu dans Jean-Talon, qui devraient être assermentés mercredi prochain après confirmation officielle des résultats du scrutin.

Interrogé sur l'éventualité d'un remaniement, M. Couillard a affirmé qu'il n'avait pas de projet à ce sujet.

«Je n'ai pas de plan de remaniement», a-t-il dit.