La Coalition avenir Québec (CAQ) souhaite que des têtes roulent chez Hydro-Québec pour avoir envoyé à la ferraille une turbine payée 79 millions.

En point de presse jeudi, le chef François Legault a exigé la sanction ultime pour les dirigeants de la société d'État qui ont choisi d'écouler au coût de 75 000 $ sur le marché du recyclage de l'équipement neuf payé 1000 fois plus cher pour la centrale nucléaire Gentilly-2.

«Je demande des sanctions, je demande que les responsables soient identifiés et qu'un ménage soit fait pour s'assurer qu'on gère mieux Hydro-Québec. Ce n'est quand même pas un »stand» à patate frite», a soutenu M. Legault, choqué par la vente de débarras révélée par la vérificatrice générale du Québec.

Dans un rapport déposé la veille, la vérificatrice Guylaine Leclerc souligne qu'Hydro-Québec n'a pas jugé bon de lancer un appel de propositions en bonne et due forme pour vendre la turbine à vapeur de la centrale.

Hydro a plutôt opté pour un appel de propositions restreint afin de se débarrasser des rotors, supports et autres outillages rendus inutiles par la fermeture de la centrale décrétée par le gouvernement du Parti québécois en 2012.

Pour la vérificatrice générale, Hydro-Québec s'est contenté d'une évaluation «peu rigoureuse» de la valeur marchande des biens liquidés.

M. Legault veut que les «responsables» de la gestion de ce dossier soient identifiés et que les «coupables» passent à la trappe. Plus précisément, il montre du doigt le président de la division Équipement et services partagés d'Hydro-Québec, Réal Laporte.

«Est-ce que le président est compétent? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va payer pour cette mauvaise gestion? Si on a des mauvais gestionnaires qui sont responsables d'une partie de la gestion de notre plus grosse société d'État, j'espère qu'on va s'en débarrasser», a lancé le leader caquiste.

M. Legault réclame aussi un examen approfondi de la vérificatrice générale sur la gestion de la société d'État.

«Il est temps que la vérificatrice générale regarde pas juste la vente d'une turbine, mais l'ensemble de la gestion et qu'on fasse une vraie vérification d'optimisation chez Hydro-Québec», a-t-il argué.

En Chambre, le député Éric Caire a relaté que l'acheteur de la turbine à rabais, Robert Fer et métaux, une entreprise de la Mauricie, s'était aussi portée acquéreuse en 2013 auprès d'Hydro-Québec de 24 roulottes pratiquement neuves. Ces roulottes avaient été cédées pour un plat de lentilles.

«On se souvient du triste épisode des roulottes vendues 34 000$ à Robert Fer et métaux qu'il a revendues deux jours plus tard 375 000 $, 1000% de profit. La même entreprise s'est portée acquéreur de la turbine - d'après moi, lui, il a flairé la bonne affaire, contrairement aux dirigeants d'Hydro-Québec», a lancé avec ironie le député de La Peltrie.

Pressé de questions, le ministre de l'Énergie, Pierre Arcand, a reconnu sur la base des conclusions de la vérificatrice générale qu'Hydro-Québec aurait pu obtenir un meilleur prix pour la turbine, et cela, même sur le marché de la ferraille.

«Ce dont on parle aujourd'hui, c'est une erreur de la part d'Hydro-Québec, si on veut. Et, encore une fois, c'est une estimation théorique du Vérificateur général qui dit que, dans ce cas-ci, on aurait peut-être pu aller chercher 44 000 $ de plus», a-t-il dit.

M. Arcand, qui s'était empressé la veille de défendre les décisions d'Hydro-Québec, semblait plus prudent jeudi à l'Assemblée nationale.

À la recherche d'un nouveau président-directeur général pour succéder au retraité Thierry Vandal, le ministre a promis des changements dans les façons de faire d'Hydro-Québec.

«Nous sommes actuellement à la recherche de nouveaux dirigeants au sein d'Hydro-Québec. On espère être en mesure de l'annoncer au cours des prochaines semaines et il est clair qu'une ère de changement doit s'opérer aussi à Hydro-Québec», a concédé M. Arcand.