Les municipalités obtiendront-elles le pouvoir de décréter des lock-out? Pour la première fois aujourd'hui, le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau ne l'a pas écarté.

Devant l'Union de municipalités du Québec (UMQ), le ministre Moreau a annoncé que les discussions entourant l'adoption d'un nouveau pacte fiscal entre le gouvernement du Québec et les municipalités seront élargies pour y inclure un débat sur les relations de travail.

« Vous réclamez de nouveaux outils, nous vous en donnerons. Nous allons donc débattre des modifications à apporter au cadre des relations de travail dans le milieu municipal. Mais je veux être clair : on ne corrige pas un déséquilibre en en créant un autre », a-t-il déclaré aux maires de la province lors d'un grand rassemblement des élus municipaux à Montréal.

Appelé à préciser sa pensée lors d'une mêlée de presse, le ministre Moreau a dit que dans le cadre du processus de réduction de la croissance des dépenses des municipalités, il était temps de parler de « l'éléphant dans la pièce » : la rémunération des employés.

Le droit de lock-out fera-t-il partie des discussions entre Québec et les municipalités? ont martelé les journalistes.

«Il n'y a pas que le lock-out, il n'y a pas que les décrets (sur les conditions de travail), il y a l'arbitrage, il y a une série de possibilités et nous, on ne veut pas fermer la porte aux discussions avant de les entamer», a-t-il répondu. «Il y a plusieurs possibilités, bien d'autres que le droit de lock-out... Les relations de travail feront partie des discussions, mais je ne vous dirai pas aujourd'hui s'il y a une piste d'atterrissage, parce que si je vous disais ça, il n'y aurait pas de discussions», a-t-il ajouté.

La présidente de l'UMQ, Suzanne Roy, a refusé d'indiquer si le droit de lock-out serait l'une de ses demandes dans le cadre des négociations du prochain pacte fiscal, qui doit être adopté cet automne. « À ce moment-ci, rien n'est exclu, tout est sur la table », a-t-elle déclaré. « On peut penser à la meilleure offre finale, au droit de lock-out, à toute une gamme d'outils, mais on va commencer par s'asseoir, travailler le chantier.»

Le syndicaliste Marc Ranger qui a assisté à la mêlée de presse du ministre Moreau s'est dit «extrêmement inquiet». «Est-ce qu'on est en train de nous dire que dans le monde municipal ce qu'on veut, c'est des conflits au cours des prochaines années?»

« C'est incroyable! On vient de voir Mme Roy réclamer un droit de lock-out pour établir un rapport de force. Ce qu'elle réclame c'est le droit de déclencher des conflits. Nommez-moi un conflit dans le monde municipal, une grève qu'il y a eu ?»