Martine Ouellet se dit surprise que Pierre Karl Péladeau soit toujours consulté par la haute direction de Québecor, comme l'a révélé le président du conseil d'administration Brian Mulroney la semaine dernière.

La candidate à la direction du Parti québécois a toutefois refusé de commenter davantage la situation du magnat de la presse, grand favori pour devenir chef de la formation souverainiste.

En marge de l'assemblée annuelle de Québecor, la semaine dernière, M. Mulroney a affirmé que le député de Saint-Jérôme est consulté «de temps à autre» par l'entreprise même s'il n'est plus impliqué dans la gestion des opérations.

«Effectivement, c'est surprenant», a observé Mme Ouellet, qui dressait le bilan de sa campagne à la direction, mardi matin.

L'épineuse question des avoirs de M. Péladeau, qui est actionnaire de contrôle de Québecor et qui aspire à devenir premier ministre, fait l'objet d'un vif débat depuis des mois à l'Assemblée nationale. La commission des institutions se penchera sur le dossier à la fin mai, quelques jours après l'élection du nouveau chef péquiste.

Mais les candidats dans la course à la direction se sont généralement abstenus de confronter M. Péladeau sur cette question. Jean-François Lisée a déclaré l'automne dernier qu'il s'agit d'une «bombe à retardement», mais il s'est retiré de la course.

Mme Ouellet a défendu sa décision de ne pas affronter M. Péladeau au sujet de ses avoirs. Elle dit avoir mené une campagne sur les «idées», qu'elle oppose à « l'état de fait » que constitue le statut particulier de son adversaire.

«Comme candidate, peu importe la réponse que je vais donner sur cet enjeu, ça va être analysé sous la lumière que je suis une candidate et non pas de façon objective, a-t-elle dit. Et donc j'ai décidé de ne pas me prononcer autrement que de dire que c'est un enjeu important et qu'il y aura des décisions à prendre sur cet enjeu.»

Elle reconnaît toutefois qu'il s'agit d'une question «importante» qu'il faudra trancher tôt ou tard.

Alexandre Cloutier, qui faisait aussi son bilan mardi matin, a abondé dans le même sens. À ses yeux, les membres du PQ sont bien au fait de la situation de M. Péladeau et ils éliront leur futur chef en connaissance de cause.

«C'est un enjeu qui est réel, a-t-il dit. C'est un enjeu qui a été débattu au sein, à la fois des mêlées de presse, des débats, mais aussi qui fait partie de l'environnement médiatique depuis le début de cette course, et je dirais avant.»

Pierre Karl Péladeau a promis de placer ses actions de Québecor dans une fiducie s'il devient chef du PQ. Mais il donnerait instruction à son fiduciaire de ne pas s'en départir.

Le jurisconsulte de l'Assemblée nationale a jugé que cette proposition contrevient au code d'éthique de l'Assemblée nationale.