Pierre Karl Péladeau a demandé un «mandat clair et fort» aux militants du Parti québécois (PQ), hier soir, dans les derniers mètres d'une course à la direction qu'il a qualifiée de «première étape vers l'indépendance du Québec».

Le grand favori de la course a conclu son dernier débat officiel en lançant un appel au ralliement autour de sa candidature et a brandi la souveraineté comme ultime argument de vente.

«J'ai besoin de vos appuis», a-t-il dit. «En m'appuyant, vous m'envoyez un message clair et fort [...] la souveraineté est bien vivante et nous saurons la réaliser», a-t-il affirmé, juste avant un tonnerre d'applaudissements de l'assistance, qui s'est mise à scander des «PKP» à répétition.

M. Péladeau a aussi mis de l'avant sa capacité de collaboration, tentant de contrer l'image peu flatteuse que Pierre Céré et Martine Ouellet ont peinte plus tôt cette semaine. Il a souligné l'importance de «savoir écouter», de «s'inspirer de ses collègues parlementaires» après s'être félicité pour une course «courtoise».

Alexandre Cloutier, quant à lui, entretient toujours l'espoir, soulignant sa propre «capacité à faire le pont entre les générations»: «Rien n'est jamais écrit d'avance, tout est possible», a-t-il affirmé en détachant bien chaque syllabe.

La candidate de la course, Martine Ouellet, mise elle toutes ses billes sur un deuxième tour. Elle a toutefois clairement affirmé qu'elle demeurerait au PQ peu importe l'identité du prochain chef: «Je vais continuer à faire avancer mes idées», a-t-elle assuré.

Débat sans accroc

M. Péladeau et ses collègues sortaient d'un débat très consensuel sur l'immigration, le français et les transports.

Pierre Céré a d'abord secoué la cage de ses collègues en dénonçant un certain «repli identitaire» de sa formation politique au cours des dernières années. Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et M. Péladeau s'en sont bien défendus, rappelant notamment le travail des gouvernements péquistes en matière de déconfessionnalisation des commissions scolaires.

La Charte des valeurs québécoises était une bonne idée qui aurait été rendue acceptable par une négociation avec les partis d'opposition, a jugé Pierre Karl Péladeau, qui vient d'intégrer Bernard Drainville à son équipe. Il a toutefois évité de s'engager à présenter sa propre charte si le PQ prenait le pouvoir. «Nous aurons l'occasion d'en parler pendant les trois années et demie qui nous séparent des élections», a-t-il dit.

Sur la question du français, Alexandre Cloutier et Martine Ouellet ont ouvert le feu en proposant d'appliquer la loi 101 aux entreprises de 26 à 50 employés, alors qu'elles en sont présentement exemptées.

Pierre Karl Péladeau s'est dit d'accord avec l'idée, promettant d'ailleurs d'être extrêmement ferme pour défendre le français, surtout à Montréal. Dans ce domaine, «nous ne tolérerons pas de compromis», a-t-il dit, après avoir dénoncé les jugements qui ont «émasculé» la Charte de la langue française à travers les années.

Loi 101 au cégep

Pour la première fois, le magnat de la presse a toutefois dit pencher contre l'application de la loi 101 aux cégeps, parce que «pour l'instant, il semble que les membres n'y soient pas favorables. Il va y avoir un congrès, on va avoir l'occasion d'en discuter».

Le favori de la course n'a toutefois pas voulu commenter le rapport du Commissaire fédéral aux langues officielles, qui avait proposé plus tôt dans la journée d'augmenter le nombre d'immigrants anglophones au Québec. Il a assuré ne pas avoir pris connaissance du document.