L'opposition presse le gouvernement Couillard d'intervenir pour que le Cirque du Soleil demeure de propriété québécoise. Mais celui-ci souhaite avant tout s'assurer du maintien du siège social de l'entreprise à Montréal.

Guy Laliberté, propriétaire à 90% du Cirque, a mandaté la banque Goldman Sachs pour piloter la vente d'une partie de son bloc d'actions. Les investisseurs qui souhaitent participer à l'enchère ont jusqu'à la semaine pour déposer une offre.

Or, selon un article paru dans le Globe and Mail, mercredi, l'homme d'affaires envisagerait maintenant de céder le contrôle de la société et de ne conserver que 10% de ses parts.

Cette perspective inquiète le Parti québécois et la Coalition avenir Québec. Ils craignent que ce fleuron du monde des affaires québécois passe entre les mains d'investisseurs étrangers.

Le député péquiste Pierre Karl Péladeau craint que la vente à des intérêts étrangers mène à la disparition du siège social du Cirque à Montréal, qui compte 1500 employés.

« C'est sûr que ce ne sera pas dans trois ou six mois, mais l'histoire a prouvé dans le passé que le processus décisionnel est pris là où les dirigeants se trouvent, a noté le député de Saint-Jérôme. Ce n'est pas une petite transaction et, par voie de conséquence, ils vont vouloir rapidement rapatrier le centre décisionnel. C'est comme ça que ça fonctionne dans le monde des affaires. »

M. Péladeau, actionnaire de contrôle de Québecor, dit avoir donné « quelques coups de fil » au sujet de la vente du Cirque du Soleil, sans donner davantage de précisions. À ses yeux, la Caisse de dépôt et placement devrait tenter de réunir un groupe d'investisseurs québécois pour tenter de mettre la main sur la société.

Une telle démarche devrait se faire sous les auspices du gouvernement Couillard, selon le député.

« Il y a une impulsion qui doit être donnée par le gouvernement, a dit M. Péladeau. Il a le pouvoir de donner un tremplin à la création d'un tour de table. »

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a abondé dans le même sens. Selon lui, les emplois du siège social du Cirque seront menacés si l'entreprise passe sous le contrôle d'investisseurs étrangers.

« On sait que ce sont dans les sièges sociaux que sont les emplois les plus payants, a noté M. Legault. Tous les pays dans le monde font des efforts pour garder le maximum de sièges sociaux chez eux. Donc, on doit faire la même chose. »

Selon lui, Québec ne doit pas se contenter de demander le maintien du siège social au Québec. Il doit faire en sorte que l'entreprise reste sous contrôle québécois.

« Le meilleur exemple, c'est Rio Tinto Alcan, a-t-il illustré. Allez-vous promener dans le supposé siège social d'Alcan à Montréal, vous allez voir qu'il y a le trois quarts des employés qui ne sont plus là, qui ont été transférés à l'étranger. »

Une transaction privée

Le gouvernement libéral rétorque qu'il n'entend pas s'immiscer dans une transaction privée.

Le ministre de l'Économie, de l'Exportation et de l'Innovation, Jacques Daoust, a affirmé que sa première priorité est de s'assurer que le siège social reste à Montréal. Il cite l'exemple de la Banque Nationale, dont une bonne partie des actionnaires ne sont pas Québécois, mais dont le siège social est à Montréal.

« Si c'est imminent, on va travailler avec un repreneur, a dit M. Daoust. On va s'assurer que (le siège social) reste ici. »

« J'espère que la solution va rester québécoise, a renchéri la ministre de la Culture, Hélène David. Mais on ne peut pas vraiment se mêler de la transaction. »