Le candidat à la direction du Parti québécois Alexandre Cloutier propose de mettre sur pied une Politique nationale de la prévention. Pour financer cette initiative, il fait sienne une idée avec laquelle ont jonglé les gouvernements libéral et péquiste: une taxe sur les boissons gazeuses.

Québec consacre actuellement 350 millions à différents programmes de prévention. Le député de Lac-Saint-Jean souhaite doubler cette enveloppe d'ici 10 ans.

«C'est un virage marqué, avec des sommes substantielles», résume M. Cloutier en entrevue.

L'Association pour la santé publique du Québec calcule que 1 $ investi en prévention et en promotion de la santé permettrait d'économiser 5,60 $ sur les dépenses en soins de santé. En entrevue, M. Cloutier fait valoir que sa politique aurait aussi d'importantes retombées économiques.

«Si on mise beaucoup, beaucoup sur la prévention, ça va finir par paraître sur le moyen et long terme, a-t-il dit. Les gens vont être plus en santé, plus heureux, plus épanouis, plus aptes au travail et plus productifs. C'est cela aussi qu'il faut comprendre: ç'a aussi un effet sur l'économie québécoise.»

Taxe

S'il devient premier ministre, le député de Lac-Saint-Jean imposera une taxe de 10 cents par litre de boisson sucrée. Chaque cannette de boisson gazeuse, cocktail de fruits ou autre boisson énergisante coûtera donc trois cents de plus.

«L'idée n'est pas d'interdire la consommation, mais de faire réfléchir le consommateur sur ce qu'il est en train d'ingurgiter, explique M. Cloutier. Et ensuite, s'il souhaite prendre ce produit, au moins il contribuera à la politique de prévention.»

Tant le gouvernement Marois que l'actuel gouvernement Couillard ont envisagé de taxer les boissons gazeuses, mais aucun n'est allé de l'avant. La taxe est présentée comme difficile à appliquer dans les commerces, entre autres parce qu'aucune loi ne définit ce qu'est une «boisson sucrée».

M. Cloutier souligne que plusieurs autres pays, notamment la France, le Mexique, la Hongrie et l'Algérie, ont taxé les boissons sucrées sans connaître de complications.

«Si d'autres sont capables de le faire, dit-il, il n'y a pas de raison pour laquelle le Québec ne serait pas capable.»

Les 80 millions que rapporterait la nouvelle taxe seraient entièrement investis dans une série de politiques visant à prévenir plutôt qu'à guérir des problèmes de santé.

M. Cloutier propose de mieux promouvoir la saine alimentation et l'activité physique afin de réduire l'obésité. Il propose aussi d'investir dans des programmes qui permettent de détecter les enfants qui présentent des retards de développement, ou qui sont susceptibles de souffrir de troubles mentaux.

La politique sur la prévention est le premier volet de la stratégie d'Alexandre Cloutier en matière de santé. Il dévoilera d'autres éléments de son programme d'ici au deuxième débat officiel de la course à la direction du PQ, dimanche. La santé sera l'un des thèmes de cet échange.