Le candidat à la direction du Parti québécois Pierre Karl Péladeau a présenté sa plateforme économique, mardi à Montréal, mais s'est montré réticent à répondre aux questions des médias.

La plateforme d'une dizaine de pages propose diverses pistes pour améliorer la situation économique du Québec qui, dans la plupart des cas, ne requièrent pas l'accession à l'indépendance pour être réalisées.

Les propositions de M. Péladeau avaient de quoi susciter de nombreuses questions et précisions mais les journalistes, peu nombreux, n'ont eu droit qu'à une question chacun, M. Péladeau opposant un silence obstiné et un air irrité à tout journaliste qui osait tenter d'en poser une seconde.

Dans sa plateforme, M. Péladeau suggère notamment une politique de préférence québécoise dans les achats.

«Il m'apparaît essentiel que nous privilégions nos entreprises», a déclaré le candidat, tout en adoptant également une approche protectionniste en matière de maintien des sièges sociaux au Québec.

«Il faut prendre des mesures pour faire en sorte que, non, ce n'est pas vrai que nos entreprises vont partir et que nous allons revivre une crise comme celle que nous avons vécue au moment où Rona faisait l'objet d'une offre d'achat», a-t-il dit.

Se positionnant comme un défenseur des régions, Pierre Karl Péladeau suggère de créer une nouvelle structure, Développement Québec, pour regrouper dans un guichet unique le soutien au développement économique des régions.

«Il m'apparaît essentiel, dans cette mission de Développement Québec, d'avoir un réseau qui va être à l'image de celui des CLD dans cette mission de regrouper nos instruments actuels, Investissement Québec, Export Québec et ceux qui sont aujourd'hui pris en charge par le ministère de l'Économie», a-t-il précisé.

Son programme suggère également de lutter contre l'évasion et les paradis fiscaux, d'accélérer l'électrification des transports et de créer un ministère du numérique.

Fait à noter, l'homme d'affaires dont la carrière a été marquée par de nombreux conflits de travail s'est dit en faveur d'implanter des moyens tels que des primes d'intéressement ou le partage de capital-actions afin d'encourager une culture de concertation entre le patronat et les travailleurs.

«Trop longtemps, le Québec a peut-être été caractérisé par une espèce d'adversité (...) entre le capital et le travail. Peu à peu, cette adversité s'est amenuisée et nous devons continuer à faire des efforts pour que justement l'entreprise ne soit pas le lieu d'une confrontation, mais le lieu de la création de valeur ajoutée», a dit l'actionnaire de contrôle du conglomérat Québecor.

Bernard Drainville tempère 

Le candidat à la direction du Parti québécois Bernard Drainville a atténué, mardi, l'ampleur de l'expérience économique du favori dans la course, l'actionnaire de contrôle de Québecor, Pierre Karl Péladeau.

Lors d'une conférence de presse, où il a présenté des mesures pour stimuler l'entreprenariat et les PME, M. Drainville a fait valoir sa propre expérience comme journaliste économique, ses études à la London School of Economics, et son bagage de fils d'un propriétaire d'entreprise agricole.

«[M. Péladeau] a une expérience entrepreneuriale, effectivement, qui est une force, il n'y a aucun doute là-dessus, a-t-il dit. [...] Mais vous savez, la pratique entrepreneuriale, c'est une dimension, c'est un élément de la dimension économique.»

M. Drainville a offert cette réponse sur l'expérience de M. Péladeau le jour même où le favori dans la course a fait une annonce sur le thème économique à Montréal.

À la veille du premier débat qui réunira les cinq aspirants à la succession de Pauline Marois, M. Drainville a insisté à de nombreuses reprises sur le fait que cette épreuve constituera le premier véritable test de la campagne amorcée début février.

«Je pense que j'ai été testé, a-t-il dit. Pour ceux qui ne l'ont pas été de la même façon, les débats sont l'occasion, j'imagine, de démontrer un certain nombre de choses: clarté, capacité de vulgariser, de convaincre, maîtrise du contenu, capacité de travailler sous le stress, sous la pression.»

M. Drainville a refusé de dire si ses propos étaient destinés à M. Péladeau, qui a fait le saut en politique il y a moins d'un an.

«Je vous laisse faire cette analyse-là», a-t-il répondu aux journalistes.