Le gouvernement Couillard compte proposer d'ici la fin de la session une réforme complète de la rémunération des députés de l'Assemblée nationale. Il abolira du coup les fameuses indemnités de transition comme celle dont bénéficiera l'ex-ministre Yves Bolduc.

Le bureau du leader parlementaire Jean-Marc Fournier a indiqué hier que le gouvernement planche sur un projet de loi qui vise à donner suite au rapport rendu à l'automne 2013 par Claire L'Heureux-Dubé.

Le comité indépendant présidé par l'ex-juge de la Cour suprême a proposé de hausser le salaire des élus de 88 000$ à 135 000$ par année, et de compenser cette augmentation par l'abolition des diverses primes et indemnités dont bénéficient les députés.

«On est déjà au travail pour donner suite au rapport L'Heureux-Dubé», a dit le porte-parole du ministre Fournier, Félix Rhéaume.

Le fin détail de la réforme n'est pas encore connu. Chose certaine, dit M. Rhéaume, les indemnités de transition dont bénéficient tous les députés démissionnaires passeront à la trappe. Seuls les élus qui quittent leur siège pour des raisons médicales ou personnelles continueraient d'y avoir droit.

Québec compte aussi s'attaquer au généreux régime de retraite des députés. Actuellement, les cotisations des élus équivalent à seulement 21% des coûts totaux du régime, selon le rapport L'Heureux-Dubé.

L'automne dernier, tous les partis ont appuyé une motion de la Coalition avenir Québec qui réclamait que les députés contribuent à hauteur de 50% à leur régime de retraite. Le vote est survenu en plein débat sur la réforme des régimes de retraite des employés municipaux.

Malaise

Après la démission d'Yves Bolduc, la semaine dernière, Philippe Couillard a exprimé son malaise par rapport à l'indemnité de transition de 155 000$ qu'empochera l'ex-ministre. En conférence de presse, vendredi, le premier ministre a dit ne pas aimer cette pratique, affirmant qu'elle «doit cesser».

La déclaration du premier ministre n'est pas passée inaperçue chez les partis de l'opposition. Le Parti québécois a annoncé hier qu'il déposera un projet de loi pour abolir les indemnités de transition.

L'initiative s'inscrit en droite ligne avec le projet de loi 33, que le parti avait proposé lorsqu'il était au pouvoir sous Pauline Marois. Le Parti libéral, alors dans l'opposition, avait contesté la mesure.

Le député péquiste Stéphane Bergeron s'est montré surpris par la nouvelle position du premier ministre sur les indemnités de départ des députés.

«Si ce n'était pas que des ballounes, si ce n'était pas qu'un show de boucane, j'imagine que le premier ministre voudra profiter de l'opportunité que nous lui offrons à travers ce projet de loi pour procéder le plus rapidement possible», a dit M. Bergeron.

Le PQ se dit ouvert à discuter de l'ensemble des conditions de rémunération des députés, et pas seulement des indemnités.

«Si le gouvernement préfère y aller d'un règlement global plutôt que de regarder spécifiquement la question des allocations de transition, on sera intéressés à l'examiner, a dit M. Bergeron. L'important pour nous, c'est qu'on règle cet irritant [qu'est l'indemnité de transition].»