L'imposition d'un tarif d'électricité différent pour les «grandes maisons» n'est pas sur l'écran radar du gouvernement Couillard, a affirmé Pierre Arcand, ministre des Ressources naturelles.

Interrogé en Chambre mardi, le ministre n'avait pas exclu la possibilité de modifier la tarification de l'électricité afin que les ménages occupant une «grande maison» paient en proportion davantage. Cette proposition émanait d'une table ronde d'experts réunis la semaine dernière pour façonner la future Politique énergétique du Québec.

En entrevue, mercredi, le ministre Arcand a assuré que son gouvernement n'envisage pas de moduler les tarifs d'électricité.

«Ce n'est pas quelque chose qui est regardé actuellement», a indiqué le ministre Arcand.

«Il n'y a personne actuellement qui regarde cette hypothèse au Ministère», a-t-il ajouté.

Le ministre rappelle que les consultations sur la Politique énergétique ne font que commencer et que différentes études ont mis en relief les carences du Québec en matière d'efficacité énergétique.

Il cherche donc des moyens d'inciter les Québécois à mieux utiliser l'électricité. Il se garde de fermer la porte à des propositions qui seront formulées dans le cadre des consultations publiques.

«La question, c'est que les Québécois, de façon générale, ne sont pas assez efficaces sur le plan énergétique, alors il faut regarder des solutions, a-t-il dit. Ces solutions n'impliquent pas nécessairement des hausses de tarifs.»

M. Arcand reconnaît qu'il s'agit d'un enjeu «extrêmement complexe». Il donne l'exemple des ménages à faible revenu, qui peuvent vivre dans de grandes maisons mais pourraient ne pas avoir les moyens d'isoler adéquatement leur habitation.

Le gouvernement Couillard dévoilera sa nouvelle Politique énergétique à la fin de l'année. Toute modification dans les tarifs d'électricité devrait être approuvée par la Régie de l'énergie.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a pressé le gouvernement Couillard d'écarter définitivement la modulation des tarifs d'électricité.

«Le Parti libéral nous a habitués à prendre des raccourcis, mais cette fois, c'est le comble ! a déclaré le député. Ce ne sont pas seulement les plus fortunés qui seraient frappés, mais aussi la classe moyenne et les plus pauvres.»

Le Parti québécois soupçonne le gouvernement libéral de chercher à augmenter les tarifs d'électricité pour maximiser la valeur d'Hydro-Québec. Le député péquiste Bernard Drainville craint que Québec ne prépare ainsi la privatisation de la société d'État.

À l'Assemblée nationale, M. Drainville a proposé une motion demandant au gouvernement Couillard de «renoncer» à privatiser Hydro, mais celui-ci s'y est opposé.

«Si vous êtes effectivement sérieux quand vous dites que vous êtes contre la privatisation, bien, votez pour la motion», a lancé M. Drainville.

M. Arcand a affirmé qu'il n'existait aucun plan pour privatiser Hydro-Québec. Il a accusé son adversaire de propager une «rumeur farfelue».