Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville, tous deux candidats à la direction du Parti québécois, ont uni leur voix, vendredi, pour rejeter l'étiquette de radicaux que leur a accolée le premier ministre Philippe Couillard à deux occasions cette semaine.

Dans une lettre ouverte transmise aux médias, les deux aspirants à la succession de Pauline Marois dénoncent les propos de M. Couillard, qui a utilisé ce qualificatif de nouveau vendredi pour décrire le projet souverainiste.

«Aux yeux de Philippe Couillard, le fédéralisme est la seule option légitime, la seule pertinente et la seule acceptable, écrivent-ils. Les propos de celles et ceux qui pensent autrement doivent être condamnés: "Surenchère de radicalisme"».

Dans leur lettre ouverte, les deux candidats soutiennent que les propos de M. Couillard ne sont pas à la hauteur de ses fonctions de premier ministre de tous les Québécois, «incluant des millions d'indépendantistes».

«Radicalisme. Le mot semble sortir plus aisément de sa bouche lorsque c'est pour attaquer ses adversaires que lorsqu'il s'agit de définir des problèmes sociaux auxquels toutes les démocraties occidentales sont confrontées», écrivent-ils.

Au cours des dernières semaines, en réaction aux attentats commis par des djihadistes à Paris, M. Couillard a répété que son gouvernement avait l'intention de lutter contre le radicalisme et non contre l'intégrisme.

Jeudi, M. Couillard a affirmé que les cinq candidats à la direction du PQ se livraient à une surenchère de radicalisme dans leur processus d'accession à la souveraineté, ce qui avait provoqué une première réaction de M. Drainville.

M. Drainville avait accusé M. Couillard d'avoir «une sincérité à géométrie variable dans l'utilisation des mots», en associant le mouvement souverainiste au radicalisme alors qu'il accepte le «radicalisme» de l'Arabie saoudite, «parce que c'est un contexte culturel différent», et l'intégrisme religieux, «parce que c'est un choix personnel».

Sur sa page Facebook, M. Péladeau a ensuite joint sa voix à celle de M. Drainville, vendredi matin, avant de cosigner avec lui une lettre dénonçant les propos du premier ministre.

Malgré les appels à la modération des deux candidats et députés péquistes, M. Couillard a maintenu, vendredi, que le Parti québécois fait preuve de radicalisme, dans une réponse à un journaliste qui lui demandait si son choix de mots était opportun pour qualifier ses adversaires politiques.

«La pire chose pour l'économie du Québec, ce serait la séparation du Québec, a-t-il dit. Ça, c'est radical.»

Au cours des derniers jours, les deux candidats ont indiqué qu'ils attendraient avant les élections de 2018 pour décider si un référendum serait possible dans le premier mandat d'un gouvernement péquiste.

Dans sa plateforme sur la souveraineté, M. Péladeau a affirmé que s'il était élu chef, il souhaitait faire des études sur les avantages de quitter le Canada afin d'obtenir aux prochaines élections le mandat de faire l'indépendance du Québec, ce qui avait lui avait valu les premiers commentaires de M. Couillard sur la radicalisation des candidats péquistes.

Vendredi, les cosignataires ont rappelé que l'ancien premier ministre libéral Robert Bourassa avait lui-même commandé des études sur la souveraineté et qu'un référendum était une démarche démocratique.

«Se pourrait-il plutôt que notre premier ministre, qui est le premier ministre de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, incluant des millions d'indépendantistes, soit un provincialiste radical?, écrivent-ils. N'est-ce pas lui qui a déclaré en campagne électorale nous détester?»

Le cabinet de M. Couillard a fait savoir que le premier ministre ne ferait aucun commentaire à la suite de la sortie des deux péquistes.

La lettre ouverte est une initiative de M. Drainville, qui s'est limité à contacter M. Péladeau, et non pas tous les candidats, car «nous voulions intervenir rapidement», a expliqué son porte-parole, Mathieu Renaud St-Amand.

Pierre Céré et Alexandre Cloutier ont affirmé qu'ils auraient accepté de signer cette lettre s'ils avaient été sollicités.

M. Céré a déploré que cette alliance entre M. Péladeau et M. Drainville n'ait pas inclus les trois autres candidats.

«J'aurais cosigné si j'avais été contacté, a-t-il écrit sur son fil Twitter. (Un) front commun aurait été plus fort. Rassembleurs?»