Les militants contre l'austérité adoptent un ton belliqueux et promettent des actions de «perturbation économique» dans l'espoir de forcer le gouvernement libéral à faire marche arrière.

Au terme d'un «grand rassemblement citoyen» organisé à Québec par le collectif «Refusons l'austérité», jeudi, les ténors syndicaux, étudiants et autres porteurs de causes sociales ont convenu d'accentuer la pression sur le gouvernement.

Manifestations, perturbations, grèves et autres moyens de pression figurent au calendrier des prochaines semaines, a indiqué en point de presse la porte-parole de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Camille Godbout, aux côtés du président de la FTQ, Daniel Boyer, et de Serge Petitclerc, du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

À compter du 23 février, la Coalition nationale opposée à la tarification et à la privatisation des services publics tiendra notamment une semaine «d'actions de perturbation économique» qui de l'avis de Mme Godbout, «va réellement déranger les élites politiques et économiques du Québec».

«On est plus de 85 groupes qui sont membres de la Coalition qui vont aller s'attaquer à des symboles forts de l'économie et de la politique au Québec. Notre but est de se faire entendre et de déranger. Le gouvernement fait la sourde oreille, agit de façon très arrogante et c'est sûr qu'on va continuer à aller de l'avant avec nos moyens de pression, avec nos actions, tout au long du printemps», a dit la militante étudiante.

Aucun moyen de pression n'est exclu, a précisé la porte-parole de l'ASSÉ lorsqu'un reporter lui a demandé si les militants envisageaient, entre autres choses, de bloquer des ponts.

Des manifestations anti-austérité sont prévues ce mois-ci, le mois prochain et le 1er mai, fête des travailleurs. «Ça va brasser le 1er mai», a prévenu Mme Godbout, illustrant le consensus qui s'est dessiné parmi les membres du collectif.

Les militants anti-austérité ont dressé une longue liste de griefs contre le gouvernement de Philippe Couillard sur laquelle figurent le «démantèlement» du réseau public de santé, l'augmentation des tarifs en service de garde, les compressions dans les universités, les réductions à l'aide sociale et l'affaiblissement des régions.

Dans son communiqué officiel, le collectif souligne qu'il «faut faire reculer le gouvernement avant qu'il n'ait complètement détruit le modèle québécois».

Pour le président de la FTQ, le gouvernement a enfourché le mauvais cheval de bataille. Plutôt que l'austérité, il aurait dû choisir, selon lui, d'accroître ses revenus.

«Les mieux nantis de notre société devraient payer davantage d'impôt, les entreprises devraient payer davantage d'impôt. Il est anormal qu'il y ait plus de 1000 entreprises chaque année qui ne paient pas un sou d'impôt», a dit M. Boyer.

En prélude aux grandes manoeuvres perturbatrices, plusieurs centaines de membres du collectif se sont massés devant le parlement en fin de journée pour manifester bruyamment leur refus de l'austérité.

De son côté, le gouvernement libéral affiche une certaine nervosité devant l'ampleur que prend le mouvement de contestation.

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a profité de toutes les tribunes ces derniers jours et a même convoqué un point de presse jeudi pour tenter de justifier de nouveau les efforts exigés des citoyens pour le redressement des finances publiques.

Résultat de décennies de dépenses supérieures aux revenus, le Québec versera cette année 11 milliards de dollars d'intérêts sur une dette de 200 milliards, a soulevé M. Coiteux. Cette situation plonge le Québec dans un «cycle anti-prospérité» qu'il faut «briser», a-t-il dit.

«On doit le briser justement pour retrouver notre marge de manoeuvre, et c'est exactement ce qu'on fait. C'est exactement la raison pour laquelle on demande cet effort national», a déclaré le grand argentier de l'État.