Le premier ministre Philippe Couillard lui-même devrait exiger de son député Yves St-Denis qu'il rembourse toutes les sommes qui lui auraient été versées sans raison alors qu'il était président de commission scolaire, croit Éric Caire, leader adjoint de la Coalition avenir Québec.

La Presse publiait hier un article portant sur les comptes de frais d'Yves St-Denis, qui, avant d'être élu député libéral en 2014, était président de la commission scolaire des Affluents, dans Lanaudière, et se faisait rembourser à ce titre de nombreux déplacements pour des tournois de golf et des factures de téléphone cellulaire dépassant régulièrement, et ce, largement, les forfaits habituels.

Au ministère de l'Éducation, on nous a dit hier qu'on n'avait « pas de commentaire » et on nous a renvoyée au bureau du whip du Parti libéral.

Joanie Dumais, attachée de presse du whip, nous a dit qu'elle n'avait pas de commentaires non plus, si ce n'est pour souligner que M. St-Denis « a eu l'occasion de donner les explications nécessaires dans l'article ».

En 2009, M. St-Denis a fait des réclamations pour 12 tournois de golf. En 2011, cela s'est produit 13 fois, et en 2013, 7 fois. À titre de président de commission scolaire, il a notamment participé à des tournois de golf de la Fondation des maladies de l'oeil, du théâtre Hector-Charland, de l'hôpital Le Gardeur, de l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, des Piscines Tropicana, de chambres de commerce, etc.

La commission scolaire lui a aussi remboursé à répétition des factures mensuelles de téléphone cellulaire atteignant des centaines de dollars.

En gros, M. St-Denis a déclaré que cela s'expliquait par le fait qu'il était très sollicité à l'époque en qualité de président de commission scolaire.

Si le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, a cru bon d'ordonner des vérifications extraordinaires à la Commission scolaire de Montréal et à la Commission scolaire des Patriotes, afin de s'assurer que les subventions étaient utilisées à bon escient, il serait bien mal venu, croit le caquiste Éric Caire, de fermer les yeux sur ce qu'a pu réclamer Yves St-Denis à l'époque.

« En tout cas, moi, je ne vois pas ce que la Fondation des maladies de l'oeil a à voir avec la tâche de président de commission scolaire. »

À la commission scolaire des Affluents, le porte-parole, Éric Ladouceur, a assuré que les choses ne se passaient plus comme cela : les comptes de téléphone cellulaire du président actuel atteignent tout au plus une vingtaine de dollars par mois, et s'il va au golf, il le fait à titre personnel.

Dans ce cas, comment se fait-il que les dépenses de golf et de téléphone cellulaire hors du commun de M. St-Denis aient été autorisées pendant de longues années ?

Là-dessus, aucune réponse. En vacances jusqu'à tout récemment, Thomas Ducyk, le président actuel de la commission scolaire, qui était directeur général sous Yves St-Denis, n'était pas plus disponible hier pour une entrevue. « Il est en famille », a dit l'attaché de presse Éric Ladouceur.