Pierre Karl Péladeau a fait son entrée officielle dans la course à la direction du Parti québécois (PQ), dimanche, avec un discours ardemment nationaliste qui plaçait sa campagne sous le signe de l'identité québécoise, «notre héritage le plus précieux».

L'homme d'affaires a évoqué son travail au sein de Québecor pour se poser en candidat du patriotisme économique et culturel, pressé de créer «un pays français, juste et prospère».

Dans un long discours de près d'une heure, Pierre Karl Péladeau a présenté son éventuelle accession à la tête du PQ comme «un pas décisif» vers l'indépendance.

«Je suis le candidat de la souveraineté», a-t-il d'ailleurs résumé en point de presse, juste après son discours.

Le successeur de Pauline Marois ne doit pas être un politicien comme un autre, a-t-il dit.

«Le chef du PQ est celui qui cherche à faire ce qu'il y a de plus légitime dans la vie d'un peuple: faire de sa nation un pays», a lancé Pierre Karl Péladeau, déclenchant les cris de joie de la salle remplie de militants. «Je crois au Québec. J'ai foi en lui et j'ai foi en notre peuple.» Un peuple qui a «connu les affres de la colonisation», a-t-il ajouté.

Le nouveau politicien a annoncé qu'il avait recueilli assez de signatures pour que sa candidature soit officialisée par le parti. Il en a revendiqué 3250, soit 1250 de plus que nécessaire.

Ne plus cacher l'indépendance

Interrompu à plusieurs reprises par les applaudissements d'une salle conquise d'avance, Pierre Karl Péladeau est brièvement revenu sur les circonstances de la défaite du PQ aux dernières élections provinciales.

Le pays du Québec «est un étendard que [la coalition souverainiste] ne cachera plus jamais», a-t-il dit, convaincu que c'est en parlant davantage d'indépendance qu'il pourra convaincre les électeurs de lui faire confiance.

Mais la tâche ne sera pas aisée parce que «notre parti est fragile: la défaite n'est jamais agréable et celle du 7 avril l'était encore moins», a ajouté le politicien. «L'idée que la souveraineté est déphasée» s'est «lentement installée». Mais c'est «terriblement faux», a-t-il dit.

Le député de Saint-Jérôme a mis de l'avant la nécessité de communiquer avec les jeunes et les nouveaux arrivants pour les convaincre que loin d'être une manoeuvre de fermeture, l'indépendance est «la plus belle manière de se lancer à la conquête du monde».

Couillard écorché

S'élevant au-dessus de la mêlée, Pierre Karl Péladeau n'a pas mentionné une seule fois les noms de ses adversaires: il a plutôt choisi de lancer des attaques contre le gouvernement libéral actuel. «Philippe Couillard travaille fort pour obtenir le titre de pire premier ministre de notre histoire, a dit Pierre Karl Péladeau. Il regarde notre peuple de haut.»

Face à Ottawa, le premier ministre est un «porteur d'eau fier de l'être et incapable de s'affirmer», lui a reproché le nouveau candidat.

Il a aussi envoyé des flèches du côté d'Ottawa en évoquant une «fausse péréquation qu'on nous sert pour nous endormir et pour nous assujettir à cette funeste conception que nous ne valons pas la peine d'être libres». Appelé à préciser ses intentions par rapport à ce chèque de péréquation de 9 milliards s'il devenait premier ministre, il a promis de revenir sur le sujet au cours des «quatre années où [le parti sera] dans l'opposition».

Mais une chose est certaine pour M. Péladeau: «Entre le Québec et le Canada, un désaccord de plus en plus majeur se fait voir», alors qu'Ottawa se dirige vers un destin «d'État pétrolier».

Juste avant l'allocution, l'ex-premier ministre Bernard Landry a appelé l'ensemble du mouvement souverainiste à se rallier derrière la candidature du magnat des communications.

La petite-fille de l'ex-ministre péquiste Lise Payette et la metteure en scène Denise Filiatrault ont aussi annoncé leur appui à la candidature de M. Péladeau.

Menaces de mort sur l'internet

La Sûreté du Québec a ouvert une enquête sur un homme qui a proféré des menaces de mort contre le député péquiste Pierre Karl Péladeau, hier soir. L'utilisateur Sosa El Gambino a partagé sur Twitter et Facebook un court plaidoyer dans lequel il dénonce le souverainisme et réclame que l'on attaque le candidat à la direction du Parti québécois. «Please someone shoot PKP [s'il-vous-plaît, quelqu'un, tirez sur PKP]», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. «Nous prenons ce genre de propos très au sérieux», a déclaré le porte-parole de la Sûreté du Québec, Gino Paré.

- Marie-Michèle Sioui