Le Parti québécois doit redevenir un moteur de changement où les idées circulent librement, a soutenu Bernard Drainville, dimanche, à l'occasion du lancement de sa campagne à la chefferie de la formation souverainiste.

Le député de Marie-Victorin s'est officiellement lancé dans la mêlée à l'occasion d'un rassemblement à Longueuil, auquel de nombreux militants et citoyens de la circonscription ont pris part.

Le prétendant à la succession de Pauline Marois a livré un plaidoyer en faveur de la laïcité, répondant aux nombreuses critiques dont il a été l'objet lorsqu'il défendait le dossier de la charte des valeurs.

Il a soutenu que certains avaient essayé de le faire passer pour «un homme fermé à la différence et à la diversité». C'est tout le contraire, a lancé M. Drainville, citant au passage les villes dans lesquelles il a étudié et travaillé.

M. Drainville a affirmé que «la laïcité, c'est la garantie que notre État nous respectera dans la diversité de nos croyances et de nos religions, peu importe notre origine, notre orientation sexuelle ou la couleur de notre peau. La laïcité est une condition de neutralité, d'égalité».

Selon lui, le dossier de la Charte des valeurs qu'il a piloté ne constitue pas une tache à son parcours politique. Au contraire, il dit avoir su garder la tête haute tout au long des débats sur cette question.

«Je pense que les gens cherchent des leaders qui sont prêts à se tenir debout dans la tempête. Je pense que c'est ce que j'ai été. Je n'ai pas été parfait, mais j'ai mené ce débat avec beaucoup de courage, même si le vent était très fort et que je me faisais »planter» tous les jours», a-t-il lancé, en point de presse.

Certains l'ont déjà accusé d'être populiste alors qu'il était journaliste, a-t-il admis. Il répond qu'il croit en la sagesse populaire, le «gros bon sens». Son slogan reflète ce désir d'être proche des gens. «''Votre voix'', c'est ce que je veux être», a-t-il soutenu.

Le Parti québécois doit se «réconcilier» avec les électeurs. La formation politique pourra remporter le prochain scrutin seulement si elle se «reconnecte» avec les citoyens, selon M. Drainville.

Bernard Drainville a affirmé que trop souvent, le Québec était la cible de dénigrement. Pourtant, les succès d'entreprises québécoises sont nombreux et le Québec figure parmi les 30 peuples les plus riches du monde, a-t-il dit, en plus d'être le territoire le plus égalitaire des Amériques grâce à son «filet social». «Et on a fait tout ça avec les limites d'une province, une main attachée dans le dos», a lancé M. Drainville.

Pas d'attaques

Bernard Drainville estime que les citoyens ne veulent plus voir les politiciens s'entredéchirer et que les idées, de pair avec des propositions concrètes, devront être au coeur de la campagne à la chefferie du Parti québécois.

«Je n'ai aucune intention d'attaquer les autres candidats dans cette course. J'en prends l'engagement formel et j'applaudirai même les bonnes idées des autres candidats qui vont me faire la lutte. C'est une façon de préparer l'après», a-t-il lancé.

En réaction aux sondages qui donnent une large avance à Pierre Karl Péladeau, s'il décidait de se présenter, M. Drainville affirme que rien n'est encore joué. Il espère que les huit mois de campagne lui donneront le temps de convaincre les militants de le choisir.

M. Drainville peut compter sur l'appui de certains membres de la députation péquiste, qui ont fait acte de présence à l'occasion de l'événement de dimanche. Alain Therrien, député de Sanguinet, Guy Leclerc, député de Beauharnois, et Sylvain Roy, député de Bonaventure, sont tous montés sur scène pour appuyer leur collègue.

«On a besoin d'un homme qui va remettre le Québec sur ses rails», a lancé M. Therrien lors d'un discours.

En marge de l'événement, il a refusé de critiquer le profil des autres candidats. «Je n'ai rien contre les autres candidats, je les salue et je les aime beaucoup, mais j'ai fait mon choix. Pierre Karl Péladeau, si Bernard gagne, on aimerait beaucoup le garder avec nous», a souligné M. Therrien.

Mais certains militants péquistes ne se gênent pas pour s'attaquer à la candidature de celui que tout le monde surnomme «PKP». «J'ai beaucoup de doutes concernant Pierre Karl Péladeau. Le pouvoir de l'argent, c'est beaucoup», a soutenu Thérèse Grondine.

Dimanche, Bernard Drainville a répété qu'il croit que le Parti québécois ne doit pas mener un référendum dès son retour au pouvoir, mais plutôt attendre un deuxième mandat. Sa position, qu'il explique dans le document «Indépendance 2025», diffère de celle de son opposante Martine Ouellet, qui est en faveur d'une consultation référendaire lors d'un premier mandat.

Certains des militants rencontrés dimanche ont admis espérer que leur candidat de prédilection change son fusil d'épaule sur cette question.

«Moi, je favorise un référendum plus rapidement. C'est un point qui pourrait être repensé, mais ça ne m'empêche pas d'appuyer sa candidature», a confié Hélène Gaudreault.

Le prochain chef du Parti québécois sera connu le 15 mai, ou le 22 mai si un deuxième tour s'avère nécessaire.