Les mesures proposées par Pierre Karl Péladeau pour se distancer de ses médias ne règlent pas l'«apparence de conflit d'intérêts» dans laquelle se trouvera le magnat de la presse s'il brigue la chefferie du Parti québécois, affirme le député péquiste Jean-François Lisée.

M. Lisée, un adversaire possible de M. Péladeau dans la course à la chefferie du Parti québécois, a lancé le débat en fin de semaine en affirmant que «PKP» ne peut être à la fois chef de parti et actionnaire de contrôle de Québecor.

Pressé par ses adversaires de choisir, M. Péladeau a proposé mercredi de placer ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard s'il est élu à la tête de la formation souverainiste. Il fera aussi une « déclaration sur l'honneur » qui l'engagera à ne pas s'immiscer dans le contenu éditorial de ses médias.

Bien qu'il applaudisse la proposition, qu'il qualifie de « très grand pas en avant », M. Lisée estime qu'elle ne va pas assez loin.

«Il continuera à avoir une position de contrôle sur des médias et, ce qui reste, c'est le problème de l'apparence de conflit d'intérêts, a-t-il déclaré. Alors je l'invite, d'ici huit mois, à trouver une solution à ce problème de contrôle des médias.»

M. Lisée rappelle que l'ancien président de la Caisse de dépôt et placement, Michel Nadeau, a proposé que M. Péladeau réduise sa participation dans les filiales média de Québecor et l'augmente dans Vidéotron. Pour dépolitiser la question, il propose de la soumettre à un comité de spécialistes qui ferait des recommandations aux élus.

Le débat survient alors que les parlementaires de l'Assemblée nationale doivent se prononcer sur une motion de la Coalition avenir Québec qui vise directement M. Péladeau. La motion propose de modifier le code d'éthique des élus pour interdire à un député de contrôler un média d'information.

Le chef de la CAQ, François Legault, juge lui aussi que les mesures proposées par le député Péladeau sont insuffisantes car il resterait propriétaire des médias de Québecor.

«Il y a un problème et la solution qui est proposée par M. Péladeau ne règle en rien le problème», a-t-il résumé.

PKP ne votera pas

Le chef par intérim du PQ, Stéphane Bédard, a révélé que « PKP » devra s'abstenir de voter sur la recommandation du commissaire à l'éthique. Il accuse les adversaires politiques de son parti de «politiser» le débat.

«On est clairement en train d'utiliser le mot éthique pour tenter de discréditer un député, a-t-il dénoncé. Je trouve ça épouvantable.»