Pierre Karl Péladeau se défend d'emprunter un discours de gauche pour gagner des appuis dans la course à la direction du Parti québécois.

Lors d'un rare échange avec les reporters de l'Assemblée nationale, mercredi, le candidat putatif à la succession de Pauline Marois a plutôt affirmé tenir un discours en phase avec les valeurs que partagent les Québécois.

«Le discours que j'emprunte, c'est le discours du Québec. Le discours du respect envers ceux et celles qui nous ont précédés, à ceux qui ont fait ce que le Québec est aujourd'hui et à cet égard, on doit être respectueux», a déclaré l'actionnaire de contrôle de l'empire Québecor.

Depuis quelques jours, à l'occasion de sorties soigneusement choisies, M. Péladeau condamne les compressions du gouvernement libéral et se fait le défenseur du «modèle québécois» et des acquis sociaux de la Révolution tranquille. Le redressement budgétaire ne doit pas, selon lui, se faire à n'importe quel prix.

«Qu'on soit attentif aux finances publiques, je suis tout à fait d'accord, mais est-ce que ça vaut véritablement la peine d'aller tous azimuts sans prendre le temps de regarder adéquatement et surtout d'attaquer ceux et celles des plus démunis et des plus vulnérables? C'est malheureusement ce que fait le gouvernement de Philippe Couillard», a-t-il affirmé en marge d'une réunion du caucus péquiste.

À son avis, le gouvernement ferait oeuvre bien plus utile s'il cherchait à augmenter les revenus de l'État plutôt que de sabrer dans les dépenses. Aux coupes, M. Péladeau préfère des projets publics comme l'électrification des transports.

Le gouvernement libéral «ne travaille que sur les dépenses, il ne travaille pas sur les revenus», a déploré M. Péladeau.

«Il y a des chantiers comme l'électrification des transports qui pourraient constituer pour le Québec une fenêtre phénoménale pour les décennies à venir», a-t-il ajouté.

En Chambre, M. Péladeau s'en est pris de nouveau aux politiques d'austérité du gouvernement Couillard, décriant le manque de soutien aux travailleurs licenciés par des entreprises comme Energizer, Cascades, Bombardier aéronautique, Résolu, Saputo et Kruger.

«Bien d'autres entreprises ont annoncé des pertes d'emplois et des fermetures d'usine ces derniers mois. La seule action du gouvernement a été la création d'un groupe de fonctionnaires déjà en place pour gérer les fermetures. L'austérité n'est pas une vision. Est-ce que, oui ou non, le gouvernement déposera cet automne une véritable stratégie de développement économique?», a-t-il lancé pendant la période de questions.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a répliqué que la stratégie figure en toutes lettres dans le budget du mois de juin.

«La relance de l'économie passe par la Stratégie maritime, le développement du Plan Nord, l'aide aux PME et aussi, beaucoup, par les dépenses d'infrastructures», a dit M. Leitao.

L'apparent virage à gauche de l'homme d'affaires - qui avait la réputation d'être un patron plutôt impitoyable - a surpris ses adversaires politiques, au premier chef le leader caquiste François Legault.

M. Legault accuse ouvertement le député de Saint-Jérôme de se faire le chantre de la social-démocratie dans le seul but de rallier les militants péquistes les plus à gauche.

Monté au front au nom des partisans de M. Péladeau, le député Pascal Bérubé a pour sa part rappelé mercredi que le Parti québécois était une «coalition» au sein de laquelle se retrouvent les souverainistes de toutes les tendances. M. Péladeau n'est ni à droite ni à gauche, il est en avant, a fait valoir le député de Matane.