Il se dit «en réflexion», mais la réalité est bien différente. Pierre Karl Péladeau a déjà mis en place une organisation dans le but d'obtenir la direction du Parti québécois (PQ) à l'issue d'un vote où seuls les membres seront conviés, du 15 au 17 avril 2015.

Alain Lupien, ancien organisateur d'André Boisclair, puis de Diane De Courcy, sera le chef d'orchestre de la campagne Péladeau, a appris La Presse. M. Lupien a été chef de cabinet de Mme De Courcy à la Commission scolaire de Montréal et l'a suivie comme chef de cabinet quand elle est devenue ministre de l'Immigration. La nouvelle sera une déception pour d'autres aspirants à la succession de Pauline Marois, notamment pour Bernard Drainville, qui l'avait aussi pressentie.

Au sein du caucus, le jeune député de Matane, Pascal Bérubé, fait activement campagne pour le propriétaire de Québecor. «Je fais des téléphones, je discute avec des collègues», s'est contenté de dire, hier, l'ancien ministre du Tourisme. M. Bérubé aurait déjà trouvé plusieurs appuis au magnat de la presse, des élus qui lèveront la main dès qu'il sautera officiellement dans la course.

Pas encore prêt

Hier, appelé à commenter les résultats du sondage Léger Marketing montrant qu'il est  en avance auprès des partisans du PQ, M. Péladeau est resté prudent. «Je suis évidemment honoré de la confiance que les sympathisants et les militants du Parti québécois m'accordent, mais je ne suis pas prêt à donner une réponse. Le temps n'est pas venu. La période de réflexion se poursuit», a-t-il dit, en refusant de préciser quand il pourrait annoncer sa décision.

Selon le sondage, M. Péladeau jouit de l'appui de 27% des électeurs et de 53% des partisans du PQ. Comme le PQ obtient 21% dans ce même sondage, ces 53% s'appuient sur moins de 100 répondants - dont une poignée de membres du parti seulement, observe-t-on chez les adversaires de M. Péladeau. Le sondage retenait aussi le nom de Jean-Martin Aussant, qui ne sera pas candidat et qui arrivait deuxième, avec 7%.

M. Péladeau aura beaucoup de temps devant lui. Les péquistes se réunissent la fin de semaine prochaine à Sherbrooke pour établir les règles de la course. Comme il est certain que l'idée du suffrage universel des «sympathisants» sera mise de côté, les échéances de la course deviennent claires. Elle pouvait théoriquement débuter le 8 juin, mais les candidats voient leurs dépenses comptabilisées à partir de l'instant où ils annoncent leur intention. Les bulletins de candidature seront disponibles à partir du 8 octobre, mais ils pourront être déposés aussi tard que le 15 janvier 2015. Le vote se tiendra par internet et par téléphone, auprès des membres du parti, du 15 au 17 avril. Si un second tour est nécessaire, il aura lieu le dimanche 19 avril.

Modifications aux contributions

Avare de détails, le président du PQ, l'ex-journaliste Raymond Archambault, ne croit pas, en revanche, que les présidents de circonscription opteront samedi pour modifier la barre des 30 000$ comme contribution pour ceux qui veulent se porter candidats. «Si les militants abaissent le niveau de 30 000$, libre à eux de le faire, mais ce n'est pas les contribuables qui vont payer, mais bien les militants. Que ce soit les candidats ou les associations de comtés, le résultat est le même», observe-t-il.

Le Directeur général des élections a établi des règles précises sur le financement des courses à la direction. «On ne peut pas établir de contributions selon les revenus des candidats. La proposition en ce sens de Jean-François Lisée serait illégale», soutient M. Archambault, après un second avis juridique aussi défavorable que le premier. La contribution est basée sur les services offerts par le parti aux candidats; or, ces services doivent être les mêmes pour tous. «Si les militants décident que 30 000$, c'est trop, ils prendront leur décision!», résume-t-il, conscient que Martine Ouellet, candidate désireuse de rallier la gauche du parti, viendra plaider pour un abaissement de ce seuil. En 2005, la contribution exigée des candidats était de 31 000$, fait valoir M. Archambault - le plafond des contributions était toutefois de 3000$, en partie déductibles d'impôts; actuellement, ce plafond est de 500$, sans congé fiscal.

- Avec la collaboration de Sylvain Larocque