Au lendemain d'une mobilisation monstre à New York contre les changements climatiques et à la veille d'un sommet de l'ONU sur la question, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a profité lundi matin d'une tribune prestigieuse dans la métropole américaine pour promouvoir l'implantation d'un prix carbone dans l'économie mondiale.

«En mettant un prix sur le carbone, nous envoyons un message fort aux entreprises et aux consommateurs», a déclaré le chef du gouvernement québécois lors de la séance d'ouverture de la Semaine du climat, un événement annuel auquel ont également pris part le secrétaire d'État américain John Kerry et le ministre des Affaires étrangères de la France Laurent Fabius, entre autres.

«En mettant un prix sur le carbone, le Québec transforme ce choix en une obligation réelle et concrète, mais également en une opportunité d'accélérer la transition vers une économie à la fois prospère et faible en carbone», a-t-il ajouté, se félicitant du marché de carbone québécois lié à celui de la Californie depuis janvier 2014.

Appui à une coalition

Le premier ministre Couillard a également donné son appui à une nouvelle coalition dont la création a été annoncée lundi par le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, qui l'avait précédé à la tribune de la Semaine du climat.

Cette coalition regroupe 73 pays et 1000 entreprises favorables à un système permettant de faire payer la pollution au CO2 par une taxe carbone ou un système de quotas échangeables. Le Canada n'en fait pas partie.

Et il ne sera pas représenté par son premier ministre mardi au sommet de l'ONU sur le climat, un sujet sur lequel Philippe Couillard a choisi de ne pas s'étendre.

«Je n'ai pas de commentaire à faire quant aux choix de M. Harper et de son gouvernement pour les événements auxquels ils participent», a déclaré le premier ministre québécois lors d'un point de presse à la Morgan Library, où avait lieu l'ouverture de la Semaine du climat, organisée par le Climate Group.

«Je dois vous dire que, pour moi et mon gouvernement, c'était capital d'être présents», a-t-il ajouté en affirmant sa volonté de montrer «la position de leadership du Québec comme consommateur et producteur d'énergies vertes» ainsi que «dans la fixation d'un prix carbone».

Des projets controversés

Mais Philippe Couillard n'a pu échapper aux controverses soulevées au Québec par certains projets industriels, dont celui de la cimenterie de Port-Daniel, qui engendrera l'émission de près de deux millions de tonnes de GES annuellement. Ce projet, qui sera le plus polluant de l'histoire du Québec en raison de l'utilisation de coke de pétrole, est-il compatible avec l'image verte que la province veut se donner à l'étranger?

«C'est un faux débat de mettre en opposition le développement économique et la lutte aux changements climatiques», a déclaré le premier ministre du Québec, qui mise sur le marché du carbone québécois pour forcer le promoteur Ciment McInnis, responsable du projet de la cimenterie de Port-Daniel, «à transformer ses sources d'énergie le plus rapidement possible».

«Ils auront le choix entre payer année après année pour des crédits de carbone ou innover avec de nouvelles sources d'énergie. On voit qu'ils sont déjà en réflexion sur la question, ce qui est en soi une démonstration de la puissance incitative du marché du carbone.»

Philippe Couillard a participé en après-midi à un atelier organisé par la Semaine du climat et dont il était l'un des panélistes avec le gouverneur du Vermont, Peter Shumlin. Il a alors pu mettre en valeur un autre sujet qui lui est cher, à savoir le rôle des États fédérés dans la lutte contre les changements climatiques.

Le premier ministre avait commencé la journée en visitant le 63e étage du 1 World Trade Center en compagnie du PDG de l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey, Patrick Foye. Il poursuivra sa visite mardi. À l'horaire, entre autres, une rencontre avec des journalistes du Wall Street Journal et un discours sur le Plan Nord devant la Foreign Policy Association.