Les premières lignes de fracture apparaissent dans la course larvée à la direction du Parti québécois (PQ). La députée Martine Ouellet accuse ses collègues Bernard Drainville et Jean-François Lisée de céder au découragement au sujet de la souveraineté et de la tenue d'un référendum.

Hier, dans une entrevue à La Presse et sur son blogue, M. Lisée a proposé qu'un an avant la tenue des élections générales, le PQ «décide de la place qu'occupera, ou non, la souveraineté» lors de la campagne électorale. Le parti pourrait donc promettre de ne pas tenir de référendum et de renoncer à toute action pour en préparer un. Et d'ailleurs, pour M. Lisée, «si la situation change peu», le PQ devrait, «lors de l'élection de 2018, s'engager sans ambiguïté à ce qu'un gouvernement péquiste ne tienne ni référendum ni référendum sectoriel, d'initiative populaire ou autre, conduisant à la souveraineté, au cours du mandat».

De son côté, Bernard Drainville plaide pour que le PQ rejette l'idée de tenir un référendum dans un premier mandat. Si le parti est porté au pouvoir, il devrait néanmoins utiliser les fonds publics pour faire la promotion de la souveraineté et préparer le terrain. Un référendum aurait lieu seulement dans un éventuel deuxième mandat, en 2023, ajoute-t-il.

Découragement

Selon Martine Ouellet, ses collègues font fausse route avec ce qu'elle considère comme des propositions pour mettre en veilleuse le référendum.

«Je sens un découragement de la part de M. Drainville et de M. Lisée en fonction des sondages. C'est un découragement que je ne partage pas», a-t-elle affirmé à La Presse. Leurs propositions respectives sont basées sur des sondages défavorables au Oui, alors que «les sondages sont un portrait à un moment précis, et ça peut évoluer, et très rapidement», selon elle.

Martine Ouellet leur reproche d'expliquer la déconfiture électorale du PQ uniquement par un ressac de l'opinion publique au sujet de la tenue d'un référendum. Or, selon elle, «les causes sont multiples» et ne se limitent pas à un jugement de l'électorat sur l'option souverainiste.

Contrairement à ce qu'ils affirment, MM. Drainville et Lisée «ne clarifient pas tant que ça» la position du PQ sur la démarche souverainiste, selon elle. Elle doit présenter plus tard sa propre position sur la question, mais on sent bien que son objectif est de rallier les pressés.

«Ça devient de plus en plus urgent de se doter d'un État complet», a-t-elle plaidé, multipliant les tirades contre le «carcan fédéral». Au Parti québécois, «nous avons tout avantage à nous assumer» comme souverainistes, a-t-elle martelé.

Même si «la décision finale n'est pas prise», tout porte à croire qu'elle sera sur les rangs lors du déclenchement de la campagne à la direction. «La réflexion avance pas mal bien! Je vous laisse déduire... L'intérêt, il est là», a-t-elle affirmé.

Mode d'élection

Un comité interne du PQ a proposé au comité exécutif que le prochain chef soit élu à la mi-avril si les membres seulement participent au scrutin.

Une autre option est de permettre à tous les sympathisants souverainistes de voter - ce sont les fameuses «primaires ouvertes» -, mais elle a beaucoup de plomb dans l'aile. Les présidents des associations de circonscription trancheront la question le 4 octobre.

Le comité recommande également qu'un candidat à la direction ne puisse dépenser plus de 300 000$. Martine Ouellet est satisfaite de cette proposition. Elle avait demandé avec son collègue Alexandre Cloutier d'abaisser le plafond fixé à 500 000$ en 2005, afin d'éviter une «course à l'argent».

Elle est toutefois déçue que le comité suggère de fixer à 500$ le don maximal que pourra faire chaque électeur. Elle voulait que ce soit 200$.