Des jeunes libéraux proposent de privatiser la Société des alcools du Québec (SAQ) et de consacrer les revenus de la vente au remboursement de la dette.

La commission jeunesse du Parti libéral a rendu public samedi, au premier jour de son congrès, les propositions émanant de ses associations régionales. Ces propositions s'ajoutent à celles déjà présentées par la commission et portant, par exemple, sur l'abolition des cégeps.

La commission politique jeune du Montréal métropolitain propose ainsi au gouvernement Couillard de «vendre progressivement la totalité des actifs de la SAQ sur le marché» et de «verser les revenus de la dette dans le Fonds des générations», qui sert à alléger le poids de la dette.

«La SAQ garde les consommateurs captifs d'une marge bénéficiaire brute atteignant 53,2% en 2011-2012 sur ses produits», affirme-t-elle. Et «ce sont les prix artificiellement gonflés par l'État qui stimulent la présence d'un marché noir impliquant fraude et contrebande».

Elle souligne que «la libéralisation du commerce d'alcool en Alberta a augmenté de 2200 à 17 918 la quantité de produits offerts au détail et a plus que doublé le nombre de détaillants, tandis que les emplois ont augmenté de 1300 à plus de 4000 dans l'industrie». «Dans un commerce libéralisé d'alcool, l'État est toujours en mesure de collecter ses revenus, comme c'est le cas en Alberta où les autorités publiques imposent une taxe en fonction de la teneur en alcool de chaque boisson vendue», ajoute-t-elle. Elle cite une étude de l'Institut économique de Montréal selon laquelle «la vente d'alcool en Alberta rapporte aux autorités publiques, sous forme de dividendes, plus que ce que les gouvernements du Québec et de l'Ontario obtiennent avec leurs monopoles respectifs». Une taxe sur les produits alcooliques serait créée «pour maintenir des revenus pour l'État et pour contrer efficacement les problèmes associés à la consommation abusive d'alcool».

Cette proposition était inscrite au programme du congrès de l'an dernier, mais elle n'avait pas fait l'objet d'un débat faute de temps.

En avril dernier, après avoir reçu un mandat du premier ministre Philippe Couillard au lendemain des élections, les économistes Luc Godbout et Claude Montmarquette ont évoqué l'idée de vendre en partie la SAQ et Hydro-Québec si la révision des programmes gouvernementaux ne permettait pas de faire des économies importantes. Les revenus seraient «nécessairement versés au Fonds des générations», afin de réduire la dette, disaient-ils. «À titre d'exemple, le gouvernement pourrait songer à ouvrir jusqu'à 10% du capital de la Société des alcools du Québec ou d'Hydro-Québec aux Québécois.»

Philippe Couillard n'avait pas écarté l'idée d'une privatisation partielle pour sortir le Québec de l'impasse budgétaire. Il disait toutefois que ce n'est pas «dans les cartons» de son gouvernement à court terme. «C'est le genre de questions qu'on va soumettre à nos commissions, celle sur la fiscalité et celle sur la révision des programmes, et qu'on va certainement, si c'est le cas, soumettre également au débat public», ajoutait-il.

La commission sur la fiscalité est présidée par Luc Godbout. L'ancienne ministre Lucienne Robillard dirige quant à elle la commission sur la révision permanente des programmes et Claude Montmarquette en fait partie.

Par ailleurs, la commission politique jeune de Chaudière-Appalaches Ouest propose l'abolition de la formule Rand, qui oblige les travailleurs d'une entreprise syndiquée à adhérer au syndicat et à lui verser des cotisations. «La libre association devrait se manifester par le choix libre et éclairé de travailleuses et de travailleurs ayant la volonté de s'unir de cette façon. La situation qui prévaut actuellement en matière d'accréditation syndicale soulève certaines problématiques importantes quant au libre choix des travailleuses et des travailleurs de s'unir en association». Ces jeunes libéraux demandent donc que les travailleurs puissent avoir «le droit de se retirer de leur association syndicale» et «d'être exemptés de payer des cotisations syndicales».

Les jeunes libéraux avaient adopté une position semblable en 2004, mais le premier ministre Jean Charest l'avait balayée d'un revers de main.

De son côté, la commission politique jeune de la Montérégie plaide pour l'instauration de péages sur le nouveau pont Champlain afin de financer un système léger sur rail (SLR). Selon elle, il devrait également y avoir des péages sur le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et les ponts Jacques-Cartier, Victoria et Honoré-Mercier pour «s'acquitter plus adéquatement de (leur) entretien». Il faut «étudier la possibilité d'instaurer des péages similaires sur toutes les autres infrastructures routières reliant l'île de Montréal avec ses banlieues», ajoute-t-elle.