Les ministres devront dorénavant se tourner la langue sept fois avant de lancer des attaques à l'emporte-pièce, a prévenu jeudi le premier ministre Philippe Couillard.

De passage dans la communauté huronne-wendat de Wendake, près de Québec, le premier ministre a indiqué qu'il avait envoyé à ses troupes un message «clair» à cet effet. Il a signifié qu'il n'hésitera pas à exiger d'un ministre qu'il se rétracte si les propos tenus sont inappropriés.

«Ce que j'ai dit à mes collègues: «si vous êtes pour dire quelque chose que vous pensez que moi je ne dirais pas, ne le dites pas parce qu'à ce moment-là, vous allez vous rétracter ou je vais vous demander de vous rétracter'», a-t-il averti, en point de presse, aux côtés du grand chef Konrad Sioui.

Même s'il s'en défend, l'allusion à la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, apparaît sans équivoque. Mme St-Pierre a dû mercredi présenter des excuses pour avoir mis en doute l'intégrité personnelle du député péquiste Jean-François Lisée.

«Mme St-Pierre s'est excusée, M. Lisée a accepté ses excuses», a rappelé M. Couillard, insistant pour dire que sa mise en garde s'adresse à l'ensemble des membres du caucus libéral.

Le chef du gouvernement a senti le besoin de lancer un appel à la discipline au moment où les embûches se dressent dans sa tentative d'inculquer une nouvelle culture dans le débat partisan. La sortie ratée de Mme St-Pierre et la virulente réplique servie récemment par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à l'ex-ministre Claude Castonguay ne semblent guère en phase avec les visées du leader libéral.

«Je veux qu'on transforme la façon dont on fait de la politique au Québec et si des gens de notre formation politique ont à changer de comportement, ils le feront», a soulevé le premier ministre.

M. Couillard s'est aussi montré pressé d'en finir avec la controverse entourant son ministre de l'Éducation, Yves Bolduc. Le député de Jean-Talon a plongé le gouvernement dans l'embarras en cumulant prime et salaires alors qu'il pratiquait la médecine pendant son séjour dans l'opposition.

Le premier ministre a réitéré sa pleine confiance envers son ministre et juge pleinement satisfaisant l'engagement de M. Bolduc à verser une partie de sa prime de 215 000 $ à une oeuvre de charité.

M. Bolduc a annoncé mercredi qu'il versera à un organisme caritatif un don équivalent au montant que lui réclamera la Régie de l'assurance maladie (RAMQ) pour des patients laissés sur le carreau après son retour au conseil des ministres. La décision a été prise en commun par M. Bolduc et le premier ministre.

«Il va faire le même versement additionnel à un organisme qui s'occupe des patients et je pense que c'est le signal qu'il fallait envoyer, le signal qu'il a, nous avons, bien conscience de la perturbation et de l'inquiétude que cela a entraînées parmi la population. Maintenant, il faut tourner la page et aller de l'avant», a-t-il dit, impatient de remettre le couvercle sur la marmite.

Pour M. Couillard, le dossier est clos malgré les critiques et les appels à la démission du ministre.

«M. Bolduc continue à assumer ses fonctions, le sujet est clos, il s'est clos hier (mercredi), la réponse est appropriée, elle va au-delà de ce que techniquement il aurait dû proposer comme remboursement. C'est un homme passionné qui pratique la politique et la médecine de façon passionnée», a-t-il fait valoir.