Yves Bolduc a juré avoir respecté toutes les règles applicables en acceptant une prime d'environ 215 000 $ en argent public pour prendre en charge une liste de patients, avant de les laisser tomber 18 mois plus tard.

«J'ai suivi les règles habituelles», s'est défendu ce matin le médecin devenu politicien, à son arrivée à l'Assemblée nationale.

L'ex-ministre de la Santé et actuel ministre de l'Éducation est retourné à la médecine de famille pendant le mandat de Pauline Marois à la tête de l'État, tout en restant simple député. Il pratiquait dans une clinique de Québec.

Le Soleil a révélé ce matin que M. Bolduc avait accepté une prime incitative pour prendre en charge plus de 1500 patients qui attendaient un médecin de famille, à raison de 100$ ou 200$ par individu, selon son niveau de vulnérabilité. Le programme qui prévoyait le versement de cette prime était sa propre création. 

Un an et demi après son retour à la médecine, Yves Bolduc a cessé sa pratique avec le retour des libéraux aux pouvoirs. Il aura donc touché une prime de 215 000 $ pour avoir pris en charge des patients pendant 18 mois, a calculé Le Soleil. Le programme prévoit ne prévoit un remboursement de la prime que si le médecin cesse de pratiquer dans les 12 mois suivant son versement.

Le ministre n'a pas l'intention de rembourser un sou. Il a touché sa prime sans pouvoir savoir que sa formation politique reviendrait aux affaires aussi rapidement.

«Même vous, vous aviez prédit un gouvernement péquiste avant le début des élections, a-t-il dit aux représentants de la presse. Ça a été un gouvernement libéral et j'en suis très heureux. Le premier ministre m'a demandé d'occuper les fonctions de ministre de l'Éducation et malheureusement je ne peux continuer la pratique médicale.»

Barrette veut évaluer l'impact de l'incitatif

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, croit qu'il faut évaluer l'impact d'un incitatif qui a permis à son collègue ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, d'empocher 215 000 $ pour prendre en charge 1500 patients privés de ses services de médecin de famille lorsque les libéraux ont été reportés au pouvoir au printemps.

M. Barrette a affirmé que les effets à long terme de cet incitatif devront être examinés dans le cadre de la refonte de la gestion des groupes de médecins de famille.

Lors d'un point de presse, M. Barrette a soutenu que les contribuables en ont eu pour leur argent même si l'engagement de M. Bolduc n'a été que de 19 mois. Selon le ministre de la Santé, son collègue n'a pas à rembourser la somme de 215 000 $ qu'il a reçue puisque les règles de la Régie de l'assurance maladie du Québec fixent à 12 mois la durée minimale de prise en charge pour bénéficier de l'incitatif.

M. Barrette a cependant reconnu que ce «cas particulier» soulève des questions qui seront examinées pour évaluer la nécessité de prolonger l'exigence de prise en charge au-delà des 12 mois prévus actuellement.

«Ça fait partie des éléments qui devront être revus, a-t-il dit aux journalistes. Cette mécanique a été prévue pour augmenter l'accès. Elle a eu l'effet d'avoir plus de patients inscrits chez les médecins de famille. Il y a une problématique évidemment qui est de voir un médecin de famille. Dans le cas présent, toutes les règles ont été respectées. Vous faites des commentaires à l'effet que l'effet à long terme n'est pas là. Il y a ce genre de choses-là auxquelles on va s'adresser, ça c'est certain.»

- La Presse Canadienne