Les fins de session parlementaire sont importantes. À Noël, elles alimentent les discussions familiales autour de la dinde. Cet été, ce sera autour du BBQ.

Le gouvernement Couillard concluait sa première session, hier, sur une enfilade de gaucheries et de contradictions. Des bavures autour de la façon dont le gouvernement a géré la crise depuis que, samedi dernier, trois détenus dangereux ont pris la poudre d'escampette. La rocambolesque évasion héliportée risque d'occulter six semaines d'une rare intensité à Québec.

La liste des faux pas de la ministre Lise Thériault, qui voyait des «menteurs» au sein de son ministère et à la SQ, aura fait la démonstration sans appel qu'elle n'est pas faite pour ces responsabilités. La Sécurité publique exige de la retenue dans les déclarations et une connaissance des contraintes juridiques liées à ces dossiers. C'est plus difficile qu'un coup de gueule quotidien à l'endroit des chefs de la FTQ-Construction.

Chez Philippe Couillard on martèle qu'il s'agit d'un «sideshow» éphémère. Ce qui risque de traîner en longueur, c'est l'affrontement provoqué par le projet de loi sur les retraites municipales déposé jeudi par Pierre Moreau. Le départ à la retraite de dizaines de pompiers à Montréal risque d'enflammer l'opinion publique. Mais la présence d'un Pierre Moreau aux commandes de ce dossier explosif est de nature à rassurer Philippe Couillard.

Bien sûr, il y a eu des bavures. Témoin la volte-face de Francine Charbonneau, qui a bloqué puis appuyé des ouvertures de places de garderies. Ou encore le ministre Carlos Leitao, qui a réfléchi tout haut à l'hypothèse d'une loi spéciale qui forcerait les médecins à étaler leurs hausses de rémunération. Robert Poëti aux Transports a été un peu trop prompt à écarter le SLR du pont Champlain. Yves Bolduc a trébuché sur les taxes scolaires. Tout cela disparaîtra vite dans la fumée des BBQ.

Ce qui restera

En revanche, force est de constater que Philippe Couillard, en six petites semaines, est parvenu à suivre le plan de match arrêté en campagne électorale. Certes, il a mis de côté sa coûteuse promesse d'ajouter 1,5 milliard aux dépenses annuelles d'immobilisations. Mais surtout, il a assuré le dépôt d'un budget et de crédits budgétaires en un temps record. D'autant qu'il y a eu cafouillage dans la préparation du budget - dans un premier temps, les fonctionnaires avaient soumis un copier-coller du budget Marceau de février. On a dû retourner à la planche à dessin. La préparation des crédits s'est révélée, c'était prévisible, une opération ambitieuse. Le PQ n'avait pas eu le courage de réaliser cet exercice difficile qui supposait l'annonce de compressions douloureuses à la veille du déclenchement des élections.

Les coupes des derniers crédits sont nombreuses et importantes, on a sabré de 20% les crédits d'impôt aux entreprises, mais surtout, le secteur public entier voit sa masse salariale gelée pour deux ans. Pendant ce temps, on laisse les tarifs d'Hydro-Québec et les taxes scolaires augmenter, en dépit de l'engagement à bloquer toute hausse de taxes et d'impôts.

Mais cela n'est que le prélude à ce qui viendra l'an prochain. Déclaration après déclaration, il devient clair que les garderies à tarif fixe n'en ont plus pour longtemps. Et les syndiqués du secteur public font mieux de ne pas miser sur des augmentations à compter de mars 2015, à la fin de l'actuelle convention. On a débloqué des budgets pour ajouter des inspecteurs à l'aide sociale, un resserrement des contrôles est à prévoir.

Seule source d'un réconfort bien relatif, les partis semblent prêts, par moments, à mettre de côté leurs intérêts partisans. Le gouvernement a reconnu en la péquiste Véronique Hivon la marraine du projet de loi sur l'aide médicale à mourir. On a accueilli le projet de loi de Françoise David sur la protection des droits des personnes âgées qui sont locataires.

Et le feuilleton de l'Assemblée nationale prévoira désormais une nouvelle sorte de projets de loi, dits «conjoints». Reste à voir s'ils seront nombreux.