Pendant que Thomas Mulcair martèle qu'il n'entend pas lancer de sitôt son parti en politique provinciale, le NPD-Québec a discrètement commencé à recueillir des dons. Il peut ainsi toucher de généreuses subventions.

La cagnotte est minime pour l'instant - moins de 400$ - mais les adversaires fédéraux du NPD craignent que le parti soit en train de contourner la loi, une accusation que rejette formellement la direction de la formation politique.

Depuis l'an dernier, les dons aux partis provinciaux au Québec sont limités à 100$ par personne. Les partis reçoivent des subventions en fonction du pourcentage de votes recueillis aux élections. Leurs dons sont aussi bonifiés par le Directeur général des élections (DGEQ).

«Puisque le NPD-Québec était déjà autorisé au dernier scrutin, il peut profiter de ce programme, même s'il n'a pas présenté de candidats», explique Stéphanie Isabelle, porte-parole du DGEQ.

Pour chaque dollar qu'il récolte jusqu'à concurrence de 20 000$, le NPD-Québec touche 2,50$ en fonds publics. Pour les 20 0000$ recueillis par la suite, la subvention chute à 1$.

Dans l'éventualité où il parviendrait à récolter 220 000$, le parti se retrouverait avec un trésor de guerre de 470 000$ grâce aux subventions auxquelles toutes les formations provinciales ont droit.

Le NPD-Québec n'a jusqu'ici reçu que 100$ de deux donateurs, selon le site web du DGEQ. Mais, grâce aux subventions, il se retrouve avec 350$ dans ses coffres.

À Ottawa, les adversaires des néo-démocrates craignent qu'il s'agisse d'un stratagème pour contourner la loi électorale.

Le Parti conservateur croit que le NPD pourrait se servir de son aile provinciale pour contourner le plafond de dons de 1200$ par année au fédéral. Il pourrait au passage empocher de généreuses subventions provinciales.

«Nous nous attendons à ce que le NPD respecte la loi et l'esprit de la loi, a indiqué le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Denis Lebel. Le Parti conservateur n'accepte que les dons de particuliers qui respectent les limites établies.»

Le Parti libéral du Canada, lui, veut savoir ce que le NPD compte faire des sommes récoltées par son aile provinciale.

«On s'attend à ce que M. Mulcair soit transparent, a indiqué la vice-présidente francophone du Parti libéral, Geneviève Hinse. De l'argent public est en cause.»

Des entités séparées

Tant au NPD fédéral qu'au NPD-Québec, on assure qu'aucun don recueilli par la formation provinciale ne sera canalisé vers le parti fédéral.

«Ce que nos adversaires disent, c'est du grand n'importe quoi, a indiqué la présidente du NPD, Rebecca Blaikie. Le Nouveau Parti démocratique du Canada n'a aucun lien formel avec le NPD Québec.»

«Ce sont deux entités séparées, légalement et financièrement», a renchéri Pierre Ducasse, qui dirige le NPD-Québec.

Même si la formation provinciale a commencé à percevoir des dons, elle reste inactive, dit M. Ducasse. Il n'est pas question que cette situation change avant les élections fédérales de 2015, qui sont la grande priorité des stratèges néo-démocrates.

Entre-temps, dit-il, les sommes amassées ne servent qu'à couvrir des dépenses administratives.

«Il y a des obligations avec le DGEQ du fait d'avoir un parti politique, explique M. Ducasse. Il y a des formulaires à remplir. Si, par exemple, je veux envoyer une convocation à une réunion, il faut un peu d'argent pour payer la salle et des timbres.»