Un projet de loi pour encadrer la gestion des régimes de retraite des employés municipaux sera déposé ce printemps, et adopté cet automne, à Québec; un exercice essentiel selon les maires des municipalités québécoises, une recette pour une confrontation selon les syndicats des employés municipaux.

Le premier ministre Philippe Couillard a réitéré, vendredi matin, son intention de passer par une loi. Dans un discours aux assises annuelles de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), rencontre qui s'est tenue à Gatineau cette semaine, M. Couillard a dit favoriser une solution négociée.

«Mais la négociation ne peut être éternelle ou indéfinie dans le temps», a-t-il précisé.

Quelques minutes plus tard, en point de presse, le premier ministre définissait le temps.

«On a prévu une période d'un an de négociation, suivie d'une période de six mois d'arbitrage. Mais en espérant et en souhaitant qu'il y ait une entente négociée», a dit M. Couillard.

«Comme il y a un projet de loi dans les airs, il y a plusieurs maires qui refusent de négocier», a remarqué Marc Ranger, porte-parole de la coalition syndicale pour la libre négociation, lorsqu'il a succédé au premier ministre devant les caméras. Sa coalition regroupe tous les employés municipaux du Québec.

«S'il y a un projet de loi (...), c'est évident qu'on va se mettre dans un mode »mobilisation«. On va mobiliser nos troupes au maximum», a averti M. Ranger.

Cette semaine, ils étaient 12 000 syndiqués à manifester devant l'Assemblée nationale. Une douzaine de leurs représentants ont assisté à la réunion de l'UMQ. M. Ranger promet des manifestations régionales qui cibleront les municipalités «délinquantes» qui préfèrent attendre la loi plutôt que négocier.

«Il y a comme une espèce d'exercice d'intimidation normal mais on n'est pas des gens nerveux», a assuré Régis Labeaume. Selon le maire de Québec, une loi est nécessaire. Il se cite en exemple, dit qu'il n'a réussi à signer une entente avec ses employés qu'en mettant de côté la question des régimes de retraite. «Si c'était négociable, on l'aurait fait à Québec», a-t-il dit.

Les régimes de retraite des employés municipaux sont déficitaires dans plusieurs villes. Les élus municipaux affirment qu'ils devront refiler la facture de ce déficit aux contribuables si les régimes ne sont pas renégociés.

Le maire de Montréal rappelle que l'espérance de vie qui s'allonge est un facteur majeur.

«Il y a des gens qui vont recevoir plus longtemps une retraite que le nombre d'années qu'ils ont travaillé. Si on veut s'assurer justement de protéger les régimes de retraite (...), on a une obligation de résultat», a insisté Denis Coderre.

«Tous ces déficits, ça se transforme en taxes», a rappelé, pour sa part, la présidente de l'UMQ, Suzanne Roy.

Le premier ministre mettra dans son projet de loi les balises qui guideront l'arbitre dans les cas où on n'aura pas conclu des ententes négociées.