Le gouvernement Couillard tiendra une évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste et sur le pétrole, mais il refuse de dire s'il imposera un moratoire sur les projets d'exploration pendant cet examen.

La première période de questions de la 41e législature a donné lieu à un débat musclé sur la filière énergétique. Le député du Parti québécois, Bernard Drainville, a accusé le gouvernement libéral de vouloir ouvrir toute grande la porte à l'exploitation du gaz de schiste.

À ses yeux, la politique des libéraux menace le « consensus » contre le développement de cette industrie dans la vallée du Saint-Laurent.

« Dans la tête de beaucoup de Québécois, c'est une question qui est réglée, a dit le député en entrevue. On a eu plusieurs années de débat très intense, il y a eu un mouvement de contestation populaire très important et il y a beaucoup de citoyens qui ont défendu leur village et leur eau potable. »

Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, promet que la démarche de son gouvernement sera « cohérente, intégrée et rigoureuse ». L'objectif de Québec est de développer une politique « intégrée » qui guidera le développement de l'ensemble de la filière énergétique.

Mais pour l'heure, il refuse de dire ce qui adviendra des projets d'exploration qui sont sur la table.

« On a commencé par dire qu'il allait y avoir une évaluation environnementale stratégique pour l'ensemble de la filière, a-t-il dit en point de presse. Et lorsqu'on dévoilera l'ensemble du déroulement de cette évaluation, on fera connaître nos intentions par rapport à l'ensemble des projets spécifiques. »

Québec lancera cet été des programmes d'exploration visant à établir le potentiel pétrolier de l'île d'Anticosti.

Une première évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste, rendue publique en février, a conclu que « le contexte n'est pas favorable au développement de la filière au Québec ». Le gouvernement péquiste de Pauline Marois a ensuite mandaté le Bureau des audiences publiques sur l'environnement de mener une consultation sur cette industrie. Il a introduit un projet de loi visant à imposer un moratoire sur cette industrie, mais celui-ci n'a pas été adopté avant le déclenchement des élections.

« Les dossiers qui sont déjà sous l'égide du BAPE resteront sous l'égide du BAPE, donc on va attendre les différents rapports du BAPE sur les différents dossiers dont il est saisi », a indiqué M. Heurtel.

L'opposition veut évincer Barrette

Philippe Couillard s'est par ailleurs porté à la défense de son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, que l'opposition péquiste veut évincer des épineuses négociations sur l'étalement des hausses de salaire des médecins.

Le chef de l'opposition par intérim, Stéphane Bédard, a rappelé que M. Barrette a négocié les hausses salariales alors qu'il dirigeait la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Il a été révélé en campagne électorale que le radiologue a touché une prime de départ de 1,2 million de cet organisme lorsqu'il a démissionné pour devenir ministre de la Santé.

Mais le premier ministre a réitéré sa confiance à son ministre. Il se dit convaincu qu'il « saura passer de son rôle de représentant de 8000 médecins à son rôle de représentant de 8 millions de Québécois ».

« Je sais que le ministre est un négociateur ferme et direct, a déclaré M. Couillard. Je suis convaincu qu'il aura la même attitude vis-à-vis ses ex-collègues. »

Le principal intéressé a accusé l'opposition de déployer un « écran de fumée ». Selon lui, il serait impensable que le Conseil du trésor négocie avec les médecins sur des détails techniques comme l'organisation du travail ou la répartition des tâches.

« Une négociation, ce n'est pas simplement une question d'argent, c'est aussi une question normative, a-t-il illustré. Je vois mal le président du Conseil du trésor aller négocier les heures d'accès avec les groupes de médecine familiale sur la base tarifaire et je vois mal le président du Conseil du trésor aller négocier les heures supplémentaires des infirmières aux soins intensifs. »

Premiers échanges sur les infrastructures

Le premier ministre Philippe Couillard a croisé le fer avec ses adversaires politiques pour la première fois, jeudi, des échanges qui ont porté sur sa promesse d'augmenter les investissements en infrastructures.

Le Plan québécois des infrastructures proposé par le Parti québécois prévoyait des investissements de 9,5 milliards par année d'ici 2017-2018 pour des projets d'immobilisation comme des ponts et des routes. En campagne, le Parti libéral a proposé de l'augmenter à 11 milliards par année.

M. Couillard a promis d'augmenter les investissements dans les routes et les ponts, mais il n'a pas confirmé que ce serait à hauteur de 11 milliards.

« Le premier geste à poser, selon nous, serait d'accepter de reconsidérer sa décision de la dernière campagne électorale d'augmenter notre dette de 15 milliards, une décision qui sera appuyée par le Parti québécois et les partis d'opposition », a déclaré le leader péquiste, Stéphane Bédard.

« On pense que c'est une erreur, a renchéri le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. On pense que ce serait mieux de réduire le fardeau fiscal des contribuables pour relancer la consommation. »

Soins en fin de vie

Le gouvernement Couillard a profité de la rentrée parlementaire pour réintroduire le projet de loi 52 qui porte sur les soins médicaux en fin de vie. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, en a fait l'annonce lors d'une conférence de presse, flanqué de députés du Parti québécois, de la Coalition avenir Québec et de Québec solidaire.

Le projet de loi revient devant l'Assemblée nationale au même stade où il l'était avant le déclenchement des élections. C'est donc dire qu'il ne sera pas nécessaire de reprendre son étude à zéro.

Les partis tiendront un vote libre sur le projet de loi. Le ministre Barrette espère qu'il sera adopté avant la fin de la session parlementaire, donc d'ici cet été.

« C'est fermement notre intention d'avoir un vote sur ce projet de loi dans cette session-ci », a-t-il déclaré.