À trois semaines du dépôt du budget Leito, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, soutient qu'il ne peut encore chiffrer la « réorganisation » à venir dans les commissions scolaires.

« Il y a beaucoup de travail qu'il nous reste à faire encore, a dit le ministre Bolduc mercredi. On ne peut pas dire encore à quelle ampleur il va y avoir, non pas des coupures, mais vraiment une réorganisation. »

Mardi, Yves Bolduc a rencontré le président de l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires (ADIGECS), Raynald Thibeault, pour faire le point sur les préoccupations des commissions scolaires.

Selon M. Thibeault, le ministre Bolduc n'a pas précisé la hauteur des compressions à venir ni la façon de les faire, mais il a évoqué un « ordre de grandeur » de 200 millions.

« Nous avons dit au ministre que, du côté des commissions scolaires, l'effort est fait », a indiqué Raynald Thibault. Au cours des quatre dernières années, souligne-t-il, les commissions scolaires ont dû faire des compressions successives de près d'un demi-milliard.

Mardi, Yves Bolduc a aussi rencontré les représentants de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ). Le ministre n'a pas chiffré les compressions à venir dans les commissions scolaires, selon l'attachée de presse de la FCSQ, Caroline Lemieux.

« On s'attend à avoir des compressions, mais on n'en connait pas l'ampleur pour le moment et aucune cible précise n'a été identifiée », indique Mme Lemieux. Elle rappelle que les commissions scolaires doivent adopter leur budget d'ici le 30 juin.

Yves Bolduc dit avoir « rassuré » l'ADIGECS et la FCSQ en leur disant qu'il les contacterait à nouveau « en temps et lieu ». Le ministre assure que les « services aux élèves et aux étudiants » seront « préservés ».

Péréquation

Si le gouvernement de Pauline Marois avait été réélu, les commissions scolaires s'attendaient à des compressions d'au moins 100 millions de dollars en deux ans. Le gouvernement péquiste avait présenté un projet de loi en novembre pour obliger 55 des 62 commissions scolaires francophones à rembourser aux contribuables l'équivalent de 100 millions de dollars en taxes scolaires.

Les organisations visées étaient celles qui avaient refilé aux contribuables les coupes imposées dans le budget précédent à la suite de l'abolition d'un programme de péréquation mis sur pied en 2007 par le gouvernement libéral de Jean Charest. Ce programme offrait une enveloppe de 150 millions aux commissions scolaires pour maintenir l'augmentation des taxes scolaires à un niveau raisonnable malgré le boom immobilier dans les banlieues.

En campagne électorale, le premier ministre Philippe Couillard a dit qu'il voulait rétablir le programme de péréquation. Est-ce encore dans les plans du gouvernement? « Je ne vous donne pas de réponse aujourd'hui », a dit Yves Bolduc mercredi.

Soulignons que le Parti québécois voulait également fusionner des commissions scolaires pour économiser 125 millions d'ici trois à cinq ans.

Directions régionales

Par ailleurs, le gouvernement Couillard maintient sa volonté d'abolir les onze directions régionales du ministère de l'Éducation d'ici le mois de septembre, ce qui lui permettra d'économiser près de 15 millions par année. Les directions régionales ont pour rôle de veiller à l'application des programmes du ministère dans les commissions scolaires.

Cette mesure provoquera le déplacement de 116 employés ailleurs dans la fonction publique ou dans les commissions scolaires, selon l'attachée de presse du ministre Bolduc, Yasmine Abdelfadel.

Mardi, la sous-ministre Marie-Claude Champoux a envoyé une lettre au personnel des directions régionales pour assurer le « souci » du ministère « de mettre en place toutes les conditions nécessaires à une transition adéquate ».

« Même si on écrit des petites lettres comme ça, c'est toujours un peu inquiétant, indique la vice-présidente du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Denise Boileau. En région, replacer un employé n'est pas toujours évident. » Le SFPQ entend veiller à ce que ces déplacements se fassent dans le respect des règles prévues dans les conventions collectives.