Philippe Couillard devra être éduqué sur l'importance de la protection des territoires du Nord du Québec, estime un organisme international qui se consacre à la conservation des forêts boréales.

Des indications laissent croire en effet que le premier ministre devra être mieux sensibilisé à la protection des écosystèmes dans la zone couverte par le Plan Nord, a indiqué la porte-parole au Québec de la Campagne internationale pour la conservation boréale, Suzann Méthot.

Le chef libéral avait notamment affirmé en campagne électorale qu'il n'allait «pas sacrifier une job en forêt pour les caribous forestiers», une espèce vulnérable qui se raréfie au Saguenay - Lac-Saint-Jean et qui est au centre d'un débat sur des aires protégées.

La déclaration de M. Couillard n'a pas échappé à l'organisme environnemental, qui chapeaute notamment l'Initiative boréale canadienne. Selon Mme Méthot, la sauvegarde des espèces n'a pas à être opposée à l'emploi et l'une ne se fait pas au détriment de l'autre.

Mme Méthot a fait remarquer que M. Couillard n'a pas le bagage de son prédécesseur Jean Charest, qui avait été ministre fédéral de l'Environnement dans le cabinet Mulroney et qui avait joué un rôle important au premier Sommet de Rio en 1992.

«Avec M. Charest, les engagements de conservation sont venus assez vite, il n'y avait pas beaucoup d'éducation à faire, il avait déjà été ministre de l'Environnement, il était à Rio à l'époque où il faisait carrière au fédéral. La pédagogie, avec lui, on n'avait pas à en faire. Cela explique pourquoi il a été possible d'arriver rapidement à des engagements importants», a-t-elle dit.

Avec Philippe Couillard, ce sera différent, à la lumière notamment de sa déclaration en campagne électorale, que Mme Méthot avait notée. «Oui, il y aura un peu de pédagogie à faire de son côté. (...) Je peux penser qu'à une des premières rencontres qu'on aura avec lui - si on en a une - on va avoir à passer à travers ces choses-là avec son personnel, ça, c'est clair.»

Toutefois, elle lui fait confiance. Le chef libéral a manifesté son intention de relancer le Plan Nord en tenant compte des impératifs du développement durable, a-t-elle affirmé. Et qui plus est, sa formation de médecin est un atout, selon elle.

«Il ne faut pas négliger sa carrière de médecin. Il ne mettra pas beaucoup de temps à faire le lien entre l'environnement et la santé. Je pense qu'on n'aura pas beaucoup de pédagogie à faire de ce côté-là. Alors j'ai confiance qu'on va assez vite avancer, de façon posée et pragmatique. Je suis convaincue, sur la base de la priorité mise sur le Plan Nord et des engagements qu'il a pris, que dès qu'on va se mettre à table et parler des vraies affaires, on va sortir du discours électoraliste et on va avancer avec les vrais éléments, (tels que) le travail de planification écologique.»

Elle est aussi rassurée par la nomination de Pierre Arcand au poste de ministre des Ressources naturelles et responsable du Plan Nord, parce qu'il a déjà été ministre de l'Environnement sous Jean Charest. De même, le retour de Geoffrey Kelley aux Affaires autochtones est bon signe, à ses yeux. Ainsi entouré, Philippe Couillard sera bien outillé en matière de développement durable et de conservation des forêts boréales.

«À mon avis, c'est un élève qui va avancer vite, parce qu'il a beaucoup de camarades de classe qui vont l'aider», a-t-elle dit, avec humour.

La Campagne internationale pour la conservation boréale souhaite notamment qu'on revienne aux objectifs initiaux du Plan Nord, tels que prévus dans sa première version sous le gouvernement Charest. L'objectif provisoire était de protéger 20% du territoire nordique de toute activité industrielle, d'ici à 2020, et d'atteindre les 50 pour cent d'ici à 2035. Ces objectifs avaient été compromis par l'arrivée au pouvoir du gouvernement Marois.