Les ministres du gouvernement Couillard se retrouvent ce midi avec un plat bien indigeste comme repas. Tout le monde est frappé par des coupes importantes, des compressions à faire, dont plusieurs ont pris connaissance cette semaine. En tout, c'est un «effort budgétaire» d'environ 2,4 milliards de dollars de dépenses que les ministres doivent «écraser» pour boucler l'année 2014-2015.

Selon les informations colligées par La Presse auprès de plusieurs fonctionnaires et employés politiques, le superministère de la Santé, avec ses 30 milliards de budget, aura la part du lion dans les compressions: plus de 900 millions, dont l'essentiel, soit 700 millions, devrait venir de l'étalement des hausses de rémunération promises aux médecins.

Partout, le même mot d'ordre a été donné: toute solution prévoyant des hausses de tarification sera repoussée par le Conseil du trésor. Beaucoup de ministères sont arrivés avec des augmentations de tarifs et ont été renvoyés à leur table de travail. D'ici mardi prochain, les ministères doivent revenir avec des pistes de solution plus acceptables.

La semaine dernière, Philippe Couillard a soutenu que le total des compressions à faire atteignait 3,9 milliards, mais cela comprenait des annonces du gouvernement Marois qui, de toute façon, ne verront pas le jour.

Quelques ministres inquiets

Le ministre Martin Coiteux a rencontré hier quelques ministres qui avaient sollicité un face à face, inquiets de l'ampleur des compressions exigées dans leur organisation, a confié un ministre. En effet, pour donner le feu vert à une croissance de 3% en santé et en éducation, Québec est forcé de laminer littéralement d'autres ministères plus petits - l'Environnement, les Relations internationales et même la Culture, par exemple, auraient à carrément sabrer par rapport à leurs budgets antérieurs. Dans les gros ministères, on se replie souvent sur le ralentissement de la croissance des dépenses. Symboliquement, toutefois, les mesures touchant la protection de la langue française seront épargnées.

À l'Éducation, la commande est importante: des compressions de 380 millions, auxquelles on ajoute un peu plus de 100 millions pour l'Enseignement supérieur.

Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale a fait un effort dans les compressions administratives, mais devra tout de même livrer autour de 110 millions d'économies. On peut aussi trouver quelques millions dans des fonds où l'argent n'a pas été dépensé - pour la reconnaissance de la compétence en main-d'oeuvre, par exemple, on peut aller chercher 3,7 millions en 2014-2015.

À l'Agriculture, on parle d'une vingtaine de millions, dont la moitié environ viendrait de budgets périmés - des budgets alloués l'an passé, mais non dépensés.

Ce qui est sur la table

> L'entente qui augmentait de 1 milliard cette année la rémunération des médecins sera étalée sur les deux prochaines années, ce qui représente une économie d'environ 700 millions pour 2014-2015.

> En éducation, on abandonnera des projets de développement et on rognera 6 ou 7 millions dans les subventions au transport scolaire.

> Pour l'emploi et la sécurité du revenu, on met sur le billot une série de mesures sur l'emploi et l'aide sociale qui avaient été annoncées par la ministre Agnès Maltais peu avant les dernières élections.

> Aux Relations internationales, on imposera un régime minceur au réseau des représentations à l'étranger. Ainsi, des «bureaux» pourraient devenir des «antennes», avec les économies de budget et de personnel prévisibles.