Le premier ministre Philippe Couillard écarte l'idée de rouvrir les présentes conventions collectives pour remettre en question la hausse salariale de 2% que l'ensemble des employés de l'État reçoit cette année. Mais il n'a pas rejeté un gel de la masse salariale pour l'avenir.

Ce sont les indications qu'il a données aux chefs de quatre grandes centrales syndicales jeudi. Il les a conviés à ses bureaux de Québec à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs. Ce fut selon eux un « dialogue ouvert et respectueux ».

« S'il y a quelque chose de rassurant, c'est qu'il veut renouveler ce dialogue-là de façon régulière. On a parlé des négociations des conventions collectives, et il nous a assuré qu'il n'y aurait pas de réouverture des contrats de travail. (...) Pas de réouverture des conventions, ça veut dire qu'on respecte le contrat jusqu'en 2015 », a affirmé la présidente de la CSQ, Louise Chabot, entourée de ses homologues syndicaux Daniel Boyer (FTQ), Jacques Létourneau (CSN) et François Vaudreuil (CSD).

Les conventions collectives viennent à échéance le 31 mars 2015. Elles prévoient une hausse salariale de 2% pour cette année - elle s'applique depuis le 1er avril. Commandé par le gouvernement et dévoilé la semaine dernière, le rapport Godbout-Montmarquette recommande un gel de la masse salariale pour cette année qui peut prendre diverses formes : des mises à la retraite, l'abolition de postes, l'annulation de la hausse salariale de 2% et l'élimination de la progression dans les échelles salariales. Cette mesure contribuerait selon eux à amasser les 3,7 milliards de dollars nécessaires pour respecter la cible de déficit prévu cette année de 1,75 milliard. L'option de rouvrir les conventions collectives pour remettre en question la hausse de 2% est écartée par M. Couillard, selon les chefs syndicaux.

Mais le principe de geler la masse salariale reste dans l'air. « Le gel de la masse salariale qui n'est pas écarté, je pense qu'on va voir ça au budget, on va voir ça aux crédits, c'est ça qu'il nous a dit clairement. On n'a pas eu d'annonce formelle », a indiqué Louise Chabot. Le budget Leitao sera déposé au début du mois de juin. « On s'attend à ce que ce soit serré et on ne s'attend peut-être pas à des bonnes nouvelles de ce côté-là », a-t-elle laissé tomber.

Selon Daniel Boyer, « M. Couillard a aussi dit que la situation des finances publiques est préoccupante, mais que ce n'était pas catastrophique. Il nous a dit qu'au dépôt du prochain budget, on aurait des indications sur les négociations futures ». Les chefs syndicaux n'ont pas voulu aborder leurs demandes pour la prochaine ronde de négociations.

« Je pense que la situation des finances publiques n'est pas si grave. (...) Il ne faut pas juste regarder la colonne des dépenses. Il faut être capable de regarder la colonne des revenus et des emplois » en vue de retrouver l'équilibre budgétaire, a dit Mme Chabot.

Mardi, Philippe Couillard a promis de lancer un « dialogue social » avant de faire des coupes importantes dans les services publics. Il disait que les premières recommandations de la future commission permanente de révision des programmes gouvernementaux seront soumises à une consultation. Selon Mme Chabot, il a évoqué l'idée, jeudi, d'une « commission sur les finances publiques ». « On a compris qu'au niveau de la révision des programmes, il n'y aurait pas de grandes annonces sans du moins qu'on s'en fasse parler, a-t-elle ajouté. On demande d'être consulté, d'avoir notre mot à dire sur cette révision, et c'est un peu ce qu'on a entendu » de la part de M. Couillard.