Le projet de compression des dépenses publiques du gouvernement Couillard est rejeté catégoriquement par Québec solidaire (QS), avant même d'avoir vu le jour.

De la même manière, le parti de gauche prône le report de l'atteinte de l'équilibre budgétaire (prévue en 2015-2016) à une date indéterminée, de même que la pédale douce sur le remboursement de la dette.

À une logique économique de droite, il faut opposer une logique économique de gauche, a résumé jeudi sa porte-parole, Françoise David.

Réunis en caucus, les trois députés solidaires ont dit clairement en point de presse qu'ils s'opposeront de toutes leurs forces à l'éventuel démantèlement de l'État et des services publics, orchestré par le gouvernement libéral dans le but de ramener le Québec vers l'équilibre budgétaire à tout prix et à court terme.

À partir des prises de position faites récemment par le premier ministre Philippe Couillard et ses ministres quant à la nécessité de sabrer dans les dépenses, la députée de Gouin, Françoise David, a dit craindre sérieusement une réduction des services publics offerts à la population.

«Je crains certainement un amenuisement important de l'État dans la dispensation des services publics», a-t-elle fait valoir au cours d'un des deux points de presse tenus dans la journée sur le même sujet.

Or, selon elle, il est faux de prétendre qu'on peut régler le problème des finances publiques en gelant les embauches dans la fonction publique, en s'attaquant aux conditions de travail des employés du secteur public ou encore par des compressions budgétaires et des ventes partielles d'actifs comme Hydro-Québec et la Société des alcools (SAQ).

Une telle approche d'austérité ne ferait que nuire à l'économie et plomber la reprise en plus de pénaliser les citoyens, de l'avis de la députée.

En rejetant un certain modèle d'analyse économique, Québec solidaire fera cavalier seul, a-t-elle commenté, puisque les trois autres partis n'ont qu'un seul mot à la bouche: «austérité, austérité, austérité».

Pourtant, Québec pourrait trouver d'autres moyens pour assainir ses finances, a dit la députée, comme de taxer les gains en capital et les dividendes des banques, sans pour autant toucher aux services publics. Le gouvernement pourrait aussi préconiser 10 paliers d'imposition au lieu de trois, comme actuellement, et revoir la politique du médicament, qui offre des subventions déguisées aux entreprises pharmaceutiques et aux compagnies d'assurances, selon ceux qui s'engagent à «combattre pied à pied la logique d'austérité».

Québec solidaire réclame de plus que le gouvernement Couillard convoque des états généraux sur les finances publiques et la fiscalité, afin que la population puisse avoir toute l'information requise.

Le remboursement rapide de la dette du Québec - quelque 200 milliards $ - n'est pas une avenue à privilégier, car ce serait susceptible de ralentir l'économie, plaide QS. La dette en soi n'est pas un problème, ce qui compte c'est le poids de la dette par rapport à la taille de l'économie, dit le parti.

Dans le même esprit, le retour à l'équilibre budgétaire devrait être reporté de plusieurs années. L'horizon de 2015-2016, que s'est engagé à respecter le gouvernement, paraît donc irréaliste et néfaste, tant pour l'économie que le bien-être des contribuables.

«Si l'atteinte du déficit zéro d'ici un an ou deux, c'est au prix de la santé, de la sécurité, de l'éducation des enfants, c'est non», a tranché Mme David.

Cette dernière et ses deux collègues, Amir Khadir, dans Mercier, et Manon Massé, élue pour la première fois dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, seront assermentés vendredi.