Le chef du Parti québécois Stéphane Bédard convient facilement avec Philippe Couillard qu'un coup de barre doit être donné pour rééquilibrer les finances publiques. «Mais on peut parler de rigueur sans parler d'austérité», observe l'ancien président du Conseil du trésor sous Pauline Marois.

Le retour à l'équilibre ne doit surtout pas être fait au détriment de la création d'emplois, insiste-t-il. Il déplore que «peu de choses [aient] été dites sur la création d'emplois» dans l'annonce de mercredi.

Il faut, selon le chef péquiste, «mettre effort et argent» pour la multiplication des emplois, principal vecteur de la croissance économique. Pour y arriver, le gouvernement libéral doit se tourner rapidement vers la mise en place d'une politique pour le secteur manufacturier. 

Pour atteindre les objectifs, Québec devra ramener le projet d'étaler les décaissements prévus pour la rémunération des médecins aux années futures - il y a 700 millions d'économies à court terme dans cette opération. Le gel des salaires de la fonction publique peut être examiné, mais il ne peut entrer en vigueur qu'en 2015, et ne sera pas utile pour rééquilibrer l'année 2014-2015.

Par ailleurs, pour M. Bédard, il faut se désoler de la faible représentation féminine dans le conseil des ministres libéral. «Il y a un recul par rapport à l'engagement qui avait été pris. Je pense qu'il avait à l'intérieur de son équipe de députés les gens nécessaires pour rencontrer sa promesse d'avoir au moins 40% de ministres féminines. Je pense que ç'aurait été un bon signal à envoyer et ç'aurait été conforme à l'engagement qu'il avait pris», observe le péquiste. Le tiers des ministres nommés sont des femmes. Le PLQ comptait environ 24% de candidates aux élections. 

«C'est un recul qu'on a vu et qu'on ne pense pas souhaitable dans le contexte actuel», observe-t-il.

«Nous ne pouvons passer sous silence la faible présence des femmes qui représentent moins de 35% des membres du Conseil des ministres, a pour sa part affirmé la co-porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David. Lorsqu'on présente aussi peu de femmes candidates dans des comtés gagnables et avec seulement 17 élues, le résultat est malheureusement prévisible».

Legault: «Un énorme défi»

Pour le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, l'équipe économique du gouvernement Couillard se trouve devant «un énorme défi». Le chef de la CAQ s'inquiète des indications fournies par Philippe Couillard en campagne électorale devant la situation des finances publiques. Ainsi, le chef libéral qui fait désormais un plaidoyer pour l'austérité est celui qui a promis de hausser les investissements dans les immobilisations, ce qui a une conséquence immédiate sur la dette. Le gouvernement péquiste injectait 9,5 milliards par année dans les immobilisations, les libéraux promettent 11 milliards par année, relève M. Legault.

Ce gouvernement qui plaide pour l'austérité a raté le coche quand on observe le nombre de limousines - 27 ministres assermentés -, «c'est beaucoup trop», résume le chef caquiste.

Parmi les «bons coups» de Philippe Couillard, M. Legault relève la décision d'envoyer un homme d'affaires, Pierre Arcand, aux Ressources naturelles. Ce secteur avait besoin d'un peu d'oxygène après 18 mois sous la férule de la ministre péquiste Martine Ouellet, dira sans détour M. Legault. 

Pas besoin, selon lui, de geler les salaires des fonctionnaires pour rééquilibrer les finances; la CAQ proposait de ne pas remplacer environ 7000 fonctionnaires qui chaque année partiront à la retraite, rappelle-t-il.