La première ministre sortante Pauline Marois a fait ses adieux aux Québécois.  «Il y aura bientôt sept ans que je suis sortie de mon jardin», a-t-elle raconté, avant de prendre une pause pour retenir ses larmes.

«Ça fait 20 fois que je le dis et je ne réussis pas encore à passer à travers», a-t-elle lancé avant de reprendre.

«J'avais encore envie de servir le Québec, a-t-elle poursuivi. Depuis, il s'en est passé des choses. Je pense que vous le savez tout autant que moi, ça n'a pas toujours été de tout repos. Mais je ne regrette rien et j'ai le sentiment du devoir accompli.»

Mme Marois parlait dans l'édifice Honoré-Mercier de l'Assemblée nationale, occupé par le personnel du premier ministre. Elle y a rencontré ce matin le premier ministre libéral élu, Philippe Couillard, pour préparer la transition. Elle a préparé le terrain pour qu'il puisse aider les sinistrés des inondations.

«Je suis encore émue que les citoyens du Québec m'aient permis d'être leur première ministre. Je le suis d'autant que j'ai été la première femme à occuper cette fonction. Je suis très fière de tout ce que nous avons accompli en 18 mois», a-t-elle raconté.

Elle a remercié les Québécois pour lui avoir «permis de vivre tout ce que j'ai vécu depuis 30 ans». «Jeune femme, je rêvais de changer le monde, a-t-elle avoué. Je me permets humblement, bien humblement, de penser que j'y ai contribué.»

Mme Marois a souhaité à M. Couillard  «la meilleure des chances pour l'avenir». «Les Québécois lui ont accordé leur confiance de façon claire. Il a toute la légitimité de gouverner le Québec et d'appliquer ses politiques», a-t-elle rapporté.

Lors de leur bref entretien, elle a formulé deux souhaits. Que le gouvernement libéral «poursuive sur la voie porteuse de l'électrification des transports». Et que «jamais, jamais un gouvernement du Québec n'oublie sa mission sacrée de défendre notre culture, notre identité et plus particulièrement notre langue qui fleurit en Amérique depuis plus de 400 ans».

Elle laisse au nouveau gouvernement «une maison en ordre», a-t-elle dit, en vantant son contrôle des dépenses. Sous son gouvernement, «l'intégrité a avancé, et la corruption a reculé». Elle a particulièrement défendu son bilan en matière de politiques sociales. «Une des principales raisons pour lesquelles j'ai fait de la politique, c'était pour prendre soin de notre monde.»

Lors de la période de questions, elle a lancé un appel aux militants souverainistes qui pourraient être découragés. «Le projet (souverainiste) est toujours important et nécessaire», a-t-elle dit en anglais. Elle s'est dite «très confiante» pour la suite des choses.  

Elle a enjoint les Québécois à «continuer (de se) tenir debout, la tête haute» pour protéger le français, ce «précieux trésor» légué par les générations passées. Et à «ne jamais tourner le dos à la possibilité que nous nous donnions un jour un pays à nous.»

«Chers Québécoises et Québécois, l'avenir vous appartient. Je demeurerai toujours à vos côtés et je veux vous dire que je vous aime.»