Les élections ne sont pas encore déclenchées que déjà les négociations sont en cours en vue d'un éventuel débat télévisé.

Le Parti québécois a diffusé un communiqué vendredi pour dire que sa formation ne veut qu'un seul débat cette fois-ci.

En 2012, la campagne avait donné lieu à quatre débats. TVA avait en effet organisé trois débats impliquant des face-à-face thématiques après avoir refusé de participer au débat du consortium réunissant Radio-Canada et Télé-Québec. Ce dernier avait organisé un grand débat.

Les deux groupes de télédiffuseurs cherchent à répéter la formule pour cette élection-ci, à une différence près: Québec solidaire, qui n'avait pas été invité par le Groupe TVA, participerait cette fois à tous les débats.

Sa porte-parole Françoise David a indiqué que Québec solidaire a déjà donné son accord aux propositions des deux groupes. Le chef du Parti libéral, Philippe Couillard, se dit lui aussi disposé à prendre part à plusieurs débats.

Le directeur général du Parti québécois, Sylvain Tanguay, croit toutefois que la multiplication des débats ne servira pas les électeurs.

«Pour nous, ce qui est un problème, c'est de mettre la campagne électorale entre parenthèses pendant quatre jours de débats et de face-à-face», a-t-il expliqué à La Presse Canadienne.

Mme David a cependant réfuté cet argument.

«Est-ce qu'il n'est pas intéressant tout de même de penser que durant quatre soirées, les Québécois ont accès à des chefs de différents partis politiques qui débattent de toutes sortes de questions? C'est quand même ça aussi la démocratie» a dit la porte-parole de Québec solidaire.

«Avoir des débats durant quatre soirs, ce n'est pas une parenthèse. Par la télévision on rejoint des millions de personnes», a-t-elle ajouté.

M. Couillard a pour sa part exprimé sa surprise devant les exigences du PQ, qu'il trouve arrogantes et inacceptables. Il a accusé la chef péquiste Pauline Marois de continuer ainsi à fuir et cacher des choses à la population.

«On fuit en élection plutôt qu'avoir un budget complet et des crédits approuvés, on fuit devant la possibilité d'avoir des débats et c'est la marque de fabrique, c'est la façon dont ce parti politique et Mme Marois se comportent depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir, a-t-il dit. C'est un signe d'arrogance que je trouve regrettable, je suis prêt à débattre partout et avec tout le monde.»

M. Tanguay affirme par ailleurs qu'il craint de voir la concurrence télévisuelle faire de l'ombre aux débats.

«Nous souhaitons aussi que l'exercice ne soit pas en compétition avec des émissions de grande écoute comme La Voix ou Tout le monde en parle», a-t-il fait valoir.

Mme David rejette également du revers de la main cet argument.

«Il y a aujourd'hui beaucoup de façons de pouvoir à la fois écouter un débat politique et enregistrer l'émission de grande écoute d'une chaîne concurrente pour l'écouter plus tard. Ça, franchement, excusez-moi, mais c'est un argument qui ne tient absolument pas la route», s'est-elle exclamée en cours d'entretien.

La tenue de quatre débats en 2012 représentait une anomalie; les élections générales de 2008, de 2007 et de 2003 ont toutes donné lieu à un débat unique réunissant tous les télédiffuseurs.