Les libéraux prédisent l'éclosion prochaine d'une crise dans le réseau de la santé.

Ce faisant, à l'approche du déclenchement des prochaines élections générales, les libéraux de Philippe Couillard appliquent la même stratégie qu'en 2003 avec Jean Charest: annoncer une crise du système de santé due aux compressions budgétaires du gouvernement péquiste, ce qui entraînera des mises à pied et l'allongement des listes d'attente.

En dénonçant les trop maigres sommes réservées à la santé dans le dernier budget Marceau, le critique libéral et ex-ministre de la Santé, Yves Bolduc, est allé mercredi jusqu'à employer le même slogan qu'affectionnait Jean Charest en 2003, et qu'il a répété sur toutes les tribunes pendant des mois: «Ça prend 10 minutes pour mettre un docteur à la retraite, ça prend 10 ans pour les former».

La formule avait fonctionné en 2003 et les libéraux avaient pris le pouvoir.

À l'époque, M. Charest dénonçait l'impact des mises à la retraite massives dans le réseau de la santé décrétées par le gouvernement Bouchard, en 1997-1998, dans le but d'atteindre le déficit zéro.

M. Bolduc a repris le même argumentaire, mercredi, en s'appuyant cette fois sur le dernier budget Marceau, même s'il a bien peu de chances d'être adopté dans le contexte préélectoral actuel.

Il a soutenu que le gouvernement avait tort de limiter à 3% l'augmentation prévue des sommes allouées à la santé au cours des prochaines années, en rappelant que le budget de ce ministère augmentait en général d'environ 5% par année, sans ajout d'aucun nouveau service.

Une croissance moindre se traduira donc nécessairement, selon lui, par des coupes qui feront mal aux patients, alors que les listes d'attente en chirurgie s'allongeront et qu'on devra diminuer le personnel soignant. Il évalue à 600 millions $ le manque à gagner l'an prochain, 1,2 milliard $ dans deux ans et 1,8 milliard $ dans trois ans.

M. Bolduc juge qu'on assiste à une répétition de la situation prévalant en 1997-1998: «C'est le même scénario qu'on est en train de rejouer», un scénario qui conduit tout droit à «une crise dans le réseau de la santé».

Le gouvernement a dit la semaine dernière qu'il chercherait à compenser le manque à gagner prévu en étalant sur une plus longue période les augmentations de salaire consenties aux médecins. Québec prévoit entreprendre des négociations avec eux.

Le ministre actuel de la Santé, Réjean Hébert, a réagi aux propos de M. Bolduc en disant qu'il n'avait aucune leçon à recevoir de lui.