Après avoir lutté séparément pour défendre leurs droits, les chefs des neuf Premières Nations innues s'unissent dans un nouveau Conseil. Et ils enverront la semaine prochaine une lettre à la première ministre Pauline Marois dans l'espoir de conclure une entente pour le développement du Nord, a appris La Presse.

«Il y a déjà eu des rassemblements entre nous, mais jamais rien d'aussi important», raconte Gilbert Dominique, chef de la communauté innue Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, au Saguenay. La majorité des communautés innues combattaient le Plan Nord de Jean Charest. «Seulement deux avaient montré une ouverture à collaborer, à condition qu'on respecte nos droits territoriaux et qu'on puisse en retirer des bénéfices», rappelle le chef Dominique. Le Nord pour tous, le nom que donne le gouvernement péquiste à son projet de développement nordique, inquiète aussi les Innus. Ils veulent s'inspirer du modèle des Cris, qui ont signé la paix des Braves en 2002 et une autre entente en 2011 pour créer un gouvernement paritaire avec les Jamésiens dans le Nord. Les Innus, eux, ne sont pas régis par une convention.

Le nouveau Conseil de la nation innue réclame la création d'une nouvelle table pour négocier de «nation à nation» avec Québec. Elle serait distincte de la table des partenaires déjà en place, où siègent plusieurs autres groupes comme les municipalités. «Nous avons un titre aborigène et des droits ancestraux qui nous distinguent [des autres partenaires]», lit-on dans leur lettre adressée à la première ministre Marois. Ils réclament une rencontre «dans les plus brefs délais». Les Innus ne sont pas contre le développement, insiste le chef Dominique, «à condition de respecter nos valeurs et nous associer comme partenaires, et ce, dès le début d'un projet».

Différents projets se sont transformés en affrontements dans les dernières années, comme la poursuite de 900 millions de dollars intentée l'année dernière par deux communautés innues de la Côte-Nord contre la société minière Iron Ore. «Une entente avec Québec rendrait le développement plus prévisible, ce qui serait bon aussi pour les investisseurs.»

La nouvelle Loi sur les mines adoptée en décembre dernier a amélioré la consultation avec les Premières Nations. Mais le chef Dominique affirme que les Innus sont encore trop souvent «mis devant le fait accompli». Il souhaiterait être informé dès qu'une concession minière est prise en territoire innu. «Si ça nous pose problème, on va rapidement en parler au promoteur pour trouver une solution au lieu d'attendre un affrontement.»