La lutte contre l'intégrisme, selon le modèle proposé par la députée Fatima Houda-Pepin, soulève l'intérêt de la première ministre Pauline Marois.

La députée indépendante de La Pinière a présenté mardi son projet de loi 491 au caucus du Parti québécois pendant environ une demi-heure et elle en est sortie en affirmant qu'il avait été bien accueilli.

«Le volet de lutte à l'intégrisme est quelque chose qui l'interpelle beaucoup», a dit Mme Houda-Pepin, en point de presse après la rencontre, à propos de l'intérêt manifesté par la première ministre pour son projet de loi.

«J'ai reçu une écoute, j'ai reçu un intérêt» de la part du gouvernement, a-t-elle dit.

Le projet de loi ratisse large et le volet sur la lutte à l'intégrisme inclut notamment l'idée de créer un Centre de recherche-action chargé de mener des recherches visant à identifier et documenter les manifestations d'intégrisme religieux.

La députée a été exclue du caucus libéral en janvier, précisément parce qu'elle tenait mordicus à présenter à ses collègues ce projet de loi, qui propose une position différente de celle du chef, Philippe Couillard, sur la question des signes religieux. Contrairement à son chef, Mme Houda-Pepin est favorable à l'idée d'interdire les signes religieux aux personnes représentant l'autorité contraignante de l'État (policiers, juges, agents correctionnels).

Elle a aussi rencontré les caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) et de Québec solidaire au cours des derniers jours, dans le but de sensibiliser tous les parlementaires à l'importance de contrer les manifestations d'intégrisme au Québec, dans une approche non partisane.

Mais c'est surtout l'avis du gouvernement qui compte, car il a le pouvoir d'amender son projet de charte de la neutralité religieuse de l'État (projet de loi 60), de manière à y inclure éventuellement certaines dispositions du projet de loi 491.

Le gouvernement pourrait agir de la sorte par conviction, ou tout simplement pour embarrasser l'opposition libérale, en se montrant plus réceptif aux objectifs de la députée de La Pinière.

Il est cependant trop tôt pour dire quel sort sera réservé au projet de loi de Mme Houda-Pepin. Le gouvernement a dit avoir besoin de temps pour bien l'analyser. «On va leur laisser le temps de faire ce travail», a-t-elle dit, dans un contexte de fièvre électorale qui pourrait de toute façon rendre caducs les projets de loi à court terme.

Si elle devait voter sur le projet de loi 60, dans sa forme actuelle, elle voterait contre, a-t-elle dit, parce qu'il étend l'interdiction des signes religieux à tous les employés de l'État, une avenue trop «mur à mur» qu'elle n'approuve pas.

Tout en se montrant ouvert, le ministre responsable de la charte de la laïcité, Bernard Drainville, a émis des réserves relativement à certains articles du projet de loi, notamment ceux portant sur l'interdiction de pratiquer des mutilations génitales et l'interdit d'être partisan de la polygamie. Ces questions sont déjà couvertes par le Code criminel, a-t-il commenté.

À propos de l'idée de mettre sur pied un centre de recherche-action sur l'intégrisme, M. Drainville n'a pas fermé la porte, mais il s'est demandé «comment ça fonctionnerait» et de quelle façon ce nouvel organisme serait en lien avec d'autres institutions de l'État.

Selon lui, rien dans ce projet de loi ne justifiait l'exclusion de la députée du caucus libéral.

Dans son projet de loi, la députée définit l'intégrisme religieux comme étant «une idéologie politique qui tend à imposer aux individus, à la société et à l'État des pratiques et des valeurs issues d'une interprétation radicale des religions, notamment les discours portant atteinte au droit à l'égalité entre les femmes et les hommes et incitant à la discrimination et à la violence ainsi que la propagande haineuse appelant à la légitimation du crime en vue de saper les bases de la démocratie et les droits de la personne».